La Chambre criminelle de première instance près la Cour d’appel de Rabat a rendu, vendredi dernier, un verdict lourd dans une affaire qui a secoué Khémisset : un officier de police, affecté au service des accidents de la circulation, a été condamné à cinq ans de prison ferme pour des faits graves mêlant traite d’êtres humains, chantage, harcèlement sexuel et préparation d’un lieu de débauche. Sa présumée complice, présentée comme une intermédiaire, écope pour sa part de vingt mois de prison ferme.
L’affaire a éclaté à la suite de la plainte d’une femme affirmant avoir été victime de chantage et d’exploitation sexuelle. Les enquêteurs de la police judiciaire de Rabat se sont saisis du dossier, procédant notamment à la saisie du téléphone du mis en cause. Le contenu extrait de l’appareil — photos, vidéos et messages — a, selon les éléments du dossier, renforcé les accusations initiales et ouvert une autre dimension : l’existence de plusieurs victimes potentielles, certaines ayant gardé le silence par peur du scandale ou des représailles.
L’enquête a mis en lumière des récits divergents parmi les femmes entendues : certaines ont déclaré que des rencontres avaient eu lieu de manière “consentie”, via la médiation de la coaccusée ; d’autres ont assuré avoir été filmées à leur insu, puis soumises à un chantage répétitif, contraintes d’obéir sous la menace de diffusion des contenus.
Le dossier rappelle enfin les circonstances de l’arrestation, en juillet dernier, lorsque le policier — grade d’officier de police — avait été interpellé à la suite d’investigations menées sous la supervision du parquet, notamment après avoir été surpris en flagrant délit de corruption lors de la remise d’une somme d’argent.
Au-delà du verdict, ce procès relance la question de la protection des victimes, du traitement des plaintes sensibles, et de la vigilance nécessaire face aux abus de pouvoir.


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