Aujourd’hui, Marrakech, avec son riche patrimoine historique et culturel, est devenue l’épicentre des discussions mondiales, accueillant les Assemblées Annuelles de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International. M. Omar Kabbaj, Conseiller de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, a délivré un discours Royal poignant, mettant en lumière la stature unique de Marrakech en tant que lieu privilégié pour les conventions mondiales et rappelant d’événements historiques majeurs comme le sommet du GATT et la COP22.
Avec un écho profond de la tragédie récente qui a touché le pays, le discours royal souligne l’importance de la coopération internationale face aux défis globaux. Voici le texte intégral de ce discours évocateur…
« Louange à Dieu, Prière et Salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Il Nous est agréable de vous accueillir au Maroc et plus précisément à Marrakech, ville riche d’une histoire millénaire et d’un remarquable patrimoine culturel et civilisationnel.
Par ce statut particulier, Marrakech est non seulement une destination touristique mondiale, mais également un lieu privilégié pour l’organisation de manifestations internationales d’envergure, dont certaines façonnent notre histoire moderne. Citons notamment le sommet du GATT en 1994 qui a vu la naissance de l’Organisation Mondiale du Commerce et, tout récemment, en 2016, la COP22.
Nul doute qu’il en sera de même pour ces Assemblées Annuelles de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International.
A cet égard, Nous tenons à saluer l’amitié et la confiance que vous nous témoignez par votre présence, aujourd’hui, à Marrakech, au lendemain du tragique séisme qui a frappé Notre pays.
Nous assurons également de Notre considération les Etats et les Organisations qui ont manifesté leur disposition à soutenir le Maroc, plus particulièrement dans la période de reconstruction des zones sinistrées.
Assemblées FMI- BM : Voici les quatre principes de Marrakech pour la coopération mondiale
Assemblées FMI- BM : Voici les quatre principes de Marrakech pour la coopération mondiale
À l’occasion des assemblées annuelles 2023 de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) qui se tiennent à Marrakech, le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, la ministre de l’Économie et des Finances du Royaume du Maroc, Nadia Fettah, et le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, ont publié une déclaration conjointe sur les principes de Marrakech pour la coopération mondiale.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Aujourd’hui donc, à la suite d’un report de deux ans en raison de la pandémie, Nous nous réjouissons de la tenue de ce prestigieux forum. Nous nous félicitons particulièrement de son retour sur le continent africain, après un demi-siècle et dans la région MENA, 20 ans après celui de Dubaï (en 2003).
Il va sans dire que les attentes à l’égard de ces Assemblées Annuelles sont élevées, au regard du contexte mondial exceptionnel et des défis géopolitiques, économiques et environnementaux auxquels nous sommes confrontés depuis quelques années.
Alors que notre planète fait face à des changements climatiques que les données ne cessent de confirmer comme une nouvelle réalité, le monde s’enfonce dans des problèmes que nous avions cru en grande partie résolus grâce aux règles et aux institutions multilatérales mises en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui, la fragmentation géoéconomique et la montée du souverainisme, animées en partie par la volonté de rééquilibrage des rapports de force économiques et politiques au niveau mondial, compromettent les avancées notables que le multilatéralisme avait permis de réaliser au cours des dernières décennies.
La mondialisation, à l’œuvre depuis les années 80, entraînant une réduction des coûts de production et favorisant la promotion du commerce mondial, a contribué en partie à une modération de l’inflation. Ce phénomène érode aujourd’hui le pouvoir d’achat des ménages à travers le monde, malgré des politiques monétaires agressives, largement synchronisées, mais non sans conséquences sur l’activité économique.
La mondialisation a assurément contribué, de manière tangible, à améliorer les niveaux de vie, permettant à de larges franges de la population mondiale d’échapper à la pauvreté. Toutefois, elle a eu des effets collatéraux qui se sont traduits notamment par un creusement des inégalités.
Le Royaume place le processus de la transition verte parmi ses priorités absolues. Une stratégie nationale dédiée est ainsi mise en œuvre avec des plans d’actions précis, ambitieux et profondément étudiés. Mais cette transition mobilisera de gros investissements impliquant le public et le privé et surtout un appui fort du leadership international, notamment les pays développés et les principaux bailleurs de fonds. Comme le suggèrent la ministre de l’Economie Nadia Fettah Alaoui et sa collègue à la Transition énergétique, Leila Benali, lors d’un panel dans le cadre des Assemblées annuelles FMI-Banque Mondiale, le 11 octobre à Marrakech, ce processus aura besoin à la fois de l’expertise technique et un financement via des prêts à des taux préférentiels.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Les évolutions économiques, sociales et politiques de ces dernières années appellent certes à une réforme des institutions et des règles régissant le multilatéralisme. Néanmoins, les principes de base de ce dernier doivent être consolidés et l’esprit qui l’anime ravivé. Ils demeurent en effet indispensables pour préserver la stabilité et la paix mondiales et favoriser les synergies afin que soient relevés les défis communs auxquels font face notre planète et nos peuples.
Mais, comme nous le savons tous, face à des défis mondiaux, il faut des solutions mondiales et celles-ci ne peuvent être conçues que dans le cadre de l’unité et du respect mutuel.
Pour cela, il convient d’intégrer et de valoriser la diversité comme source de richesse et non de conflit, en tenant compte des spécificités intrinsèques à chaque pays et à chaque région.
De même, il importe de revoir et d’améliorer l’architecture financière mondiale pour qu’elle soit plus équitable et plus inclusive. Ces Assemblées Annuelles constituent, à cet égard, le forum idoine pour un dialogue et un débat constructif autour de cette refonte.
Nous appartenons tous à une seule et même planète et les avenirs de nos pays sont, à l’évidence, indissociables.
Les banques multilatérales de développement sont appelées plus que jamais à accompagner les pays en développement pour relever les défis auxquels ils font face. L’appel est du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, qui, lors de l’ouverture des travaux des assemblées annuelles FMI-Banque Mondiale, propose aux institutions de Bretton Woods d’apporter davantage de souplesse dans l’aide accordée aux pays faisant face à différents types de crise. Il s’agit surtout de leur apporter un soutien en termes de conseil, d’appui financier et de facilité d’urgence pour le rétablissement des équilibres macroéconomiques.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
C’est dans cet esprit que nous inscrivons notre vision du développement au Maroc. Nos atouts se fondent sur l’histoire millénaire de notre pays, sur son statut de terre de paix, de brassage civilisationnel et de cohabitation des religions et de cultures ; ils sont favorisés par une position géographique au carrefour de l’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Europe.
Notre approche privilégie l’ouverture économique et la coopération. D’ailleurs, Nous nous inscrivons dans les différents agendas mondiaux, en termes de développement économique, de lutte contre le changement climatique aussi bien que dans le combat contre le terrorisme, le blanchiment de capitaux et la montée de l’insécurité cybernétique qu’engendre la révolution digitale.
Nous avons en particulier fait de la coopération Sud-Sud notre axe d’ouverture prioritaire et Nous procédons en cela selon une démarche de co-développement avec les pays frères et amis du Continent.
Au plan interne, Nous avons, depuis le début des années 2000, lancé des réformes sociétales, sociales et économiques majeures, ainsi qu’un vaste programme d’infrastructure. En parallèle, Nous avons veillé à la préservation des équilibres macroéconomiques, que nous considérons comme garants de la souveraineté et de la résilience économiques.
C’est une approche équilibrée où la politique économique est mobilisée au service du développement humain que nous avons érigé en priorité absolue, depuis Notre Accession au Trône, et que Nous avons renforcée depuis la pandémie Covid-19. Dans ce cadre, Nous avons également lancé un chantier sans précédent pour la généralisation de la protection sociale dans notre pays.
Les retombées de cette vision sont déjà palpables : l’économie nationale a affiché une résilience notable dans cet environnement international complexe et incertain marqué par une succession de chocs invraisemblables ces dernières années.
Par ailleurs, Notre pays a conforté son positionnement en tant qu’îlot de paix, de sécurité et de stabilité, de partenaire crédible et de hub économique et financier régional et continental.
C’est ainsi que Nous considérons l’accueil de ces Assemblées par le Maroc comme l’aboutissement d’un partenariat de longue date, bâti avec les institutions de Bretton Woods. Il témoigne, en outre, de la confiance dans la solidité de notre cadre institutionnel et de nos infrastructures ainsi que dans notre engagement à contribuer au raffermissement des relations internationales.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
En tant que pays africain, le Maroc souhaite vivement que le Continent, dont la voix est désormais audible au sein du Groupe des 20 à travers l’Union africaine, puisse trouver la place qui lui revient dans les autres instances internationales et ainsi mettre en œuvre ses agendas économiques et sociaux.
Comme vous le savez, les pays du Continent sont parmi ceux qui sont le plus touchés par le changement climatique, alors que leurs contributions aux activités à l’origine du réchauffement de la planète sont parmi les plus faibles.
Les règles et les cadres régissant le traitement de la problématique de l’endettement devraient donc être réajustés afin que soient prises en compte les contraintes que rencontrent les pays à faible revenu les plus endettés pour faire face aux changements climatiques.
L’Afrique qui abritera en 2050 le quart de la population mondiale se doit de bénéficier aujourd’hui des conditions qui lui permettront de renforcer ses marges de manœuvre, de mettre à profit son potentiel pour mieux répondre aux besoins de sa population, dans un monde de plus en plus incertain et marqué par des changements profonds de paradigmes.
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Au cours de la pandémie de Covid-19, le Fonds Monétaire International et la Banque mondiale, avec l’ensemble des agences et organismes internationaux constituant les piliers du système multilatéral mondial, ont fait preuve d’une grande agilité et réactivité. Leur appui aux efforts de nombreux pays membres a ainsi été crucial pour atténuer l’impact économique et social de la pandémie.
Nous sommes persuadés que ces deux institutions ne ménageront aucun effort pour que ces Assemblées aboutissent à des avancées tangibles et concrètes. Notre souhait est que les divergences entre les grandes économies puissent être atténuées et que les efforts et les synergies soient davantage mobilisés au service de la paix et de la prospérité mondiales, dans un esprit de solidarité envers les pays les plus vulnérables.
Grâce à un dialogue franc, constructif et équilibré, nous pourrons concilier les enjeux économiques et financiers d’un côté et les défis humains de l’autre. Ainsi, nous pouvons construire ensemble, pour la planète, l’avenir que chacun de nous espère pour ses enfants.
Puisse Dieu vous assister et couronner de succès vos travaux.