Eric Dupond-Moretti, actuel ministre de la Justice français, se retrouve dans une situation inédite : accusé de conflits d’intérêts liés à son rôle de garde des Sceaux, il comparaît devant la Cour de justice de la République (CJR) à Paris pour une audience prévue sur dix jours. Cette instance est spécifiquement habilitée à juger les membres du gouvernement pour des actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions.
La défense de Dupond-Moretti se montre sereine. L’ex-avocat, une figure marquante de la macronie, bénéficie du soutien indéfectible du président de la République et de la Première ministre Elisabeth Borne, qui souligne son « excellent travail » et son droit à la présomption d’innocence. Malgré sa mise en examen, Borne a souhaité son maintien au poste pour qu’il puisse assurer sa défense tout en garantissant le bon fonctionnement du ministère.
L’enquête, démarrée fin juin 2020, se concentre sur des accusations de « prise illégale d’intérêts ». Ces allégations découlent notamment de la gestion par Dupond-Moretti de dossiers relatifs à des magistrats avec lesquels il avait eu des différends lorsqu’il était avocat. L’ancien ténor du barreau, connu pour ses relations houleuses avec le monde judiciaire, a riposté en dénonçant une instruction « biaisée » visant à nuire à sa réputation et à sa légitimité en tant que ministre.
Le procès verra défiler une vingtaine de témoins, y compris l’ancien Premier ministre Jean Castex et l’ex-garde des Sceaux Nicole Belloubet. La CJR, souvent critiquée pour sa clémence, est composée de trois magistrats et de douze parlementaires, ajoutant un aspect mi-juridique mi-politique à cette affaire.
La situation est cruciale pour Dupond-Moretti, dont l’avenir politique est en jeu. Une condamnation pourrait entraîner une peine d’emprisonnement, une amende significative, ainsi que l’inéligibilité et l’interdiction d’exercer une fonction publique.