La récente crise en mer Rouge, déclenchée par les attaques des rebelles houthis au Yémen, ouvre la voie à une transformation majeure dans le paysage économique mondial. Selon l’économiste français Pierre Cariou, cette situation pourrait inciter les industriels européens à reconsidérer leurs chaînes d’approvisionnement, favorisant ainsi des destinations plus proches, notamment le Maroc.
La suspension des traversées maritimes en mer Rouge par des géants du transport mondial, en réaction aux attaques des rebelles houthis, a créé des opportunités inattendues. Pierre Cariou souligne que la complexité croissante du passage du canal de Panama s’ajoute aux tensions géopolitiques, amplifiant un mouvement déjà en cours de déplacement des chaînes d’approvisionnement.
Les industriels européens pourraient envisager de déplacer leur production asiatique vers des pays plus proches tels que la Turquie ou le Maroc. Cette perspective gagne en pertinence avec la suspension des passages en mer Rouge par des acteurs majeurs tels que CMA-CGM, Maersk, Hapag-Lloyd, MSC, Evergreen et HMM.
La décision des armateurs de dérouter leurs navires vers le cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud pour contourner le détroit de Bab al-Mandab prolonge le trajet de 10 jours, impactant significativement la chaîne logistique. Cette rallonge engendre des coûts supplémentaires, notamment en carburant, ce qui pourrait se traduire par une augmentation des coûts de transport.
Pierre Cariou souligne que cette situation pourrait conduire à des ajustements tarifaires des armateurs, avec une possible augmentation de 20% alors que les coûts n’augmentent que de 10%. Les importateurs chercheront à sécuriser leurs approvisionnements, transformant potentiellement le secteur maritime à court ou moyen terme.
L’économiste souligne également que la durée de la crise en mer Rouge sera déterminante pour son impact à long terme. Les surcapacités observées récemment pourraient se résorber, incitant les acteurs du transport maritime à ajuster rapidement leur comportement en fonction des nouvelles réalités géopolitiques et logistiques.