Le Sénégal, longtemps vanté pour son modèle démocratique exemplaire dans la région de l’Afrique de l’Ouest, se trouve désormais plongé dans une situation politique épineuse depuis l’annonce du report des élections présidentielles par le Président Macky Sall. Cette décision, qui prolonge le processus électoral de 10 mois, a déclenché un débat enflammé aussi bien au niveau national qu’international.
Abdou Diop, managing partner de Mazars et président de la Commission Afrique et Sud-Sud à la Confédération générale des entreprises du Maroc, a partagé son point de vue sur cette situation lors de son intervention dans l’émission « L’Info en Face ». Selon lui, bien que la situation soit complexe, elle ne compromet pas la stabilité du Sénégal. Pour lui, il s’agit plutôt d’une étape dans le cheminement démocratique du pays.
La plateforme Aar Sunu Élection (Protégeons notre élection), qui milite pour le respect du calendrier électoral au Sénégal, a récemment reporté sa marche prévue, exprimant ainsi son mécontentement face à ce report prolongé des élections présidentielles.
M. Diop analyse la situation en affirmant que le report électoral n’est pas surprenant, compte tenu du manque de préparation des acteurs politiques. Il souligne que ce report arrange divers acteurs politiques, pas seulement la coalition au pouvoir, qui a du mal à trouver un consensus autour d’un candidat unique.
Pour lui, le cafouillage actuel aurait pu être évité si le président avait annoncé plus tôt sa décision de ne pas briguer un troisième mandat. De plus, le manque de dialogue entre les acteurs politiques a contribué à cette situation. Il insiste sur le fait qu’un dialogue ouvert aurait pu aboutir à un consensus pour mieux gérer ce report des élections.
Concernant la relation entre Macky Sall et Karim Wade, M. Diop souligne qu’il ne s’agit pas d’un nouvel épisode, mais plutôt d’une alliance de circonstance entre deux acteurs politiques issus de la même famille libérale. Il rappelle que Karim Wade a bénéficié d’une grâce présidentielle, lui permettant de se présenter aux élections présidentielles.
Le silence d’Ousmane Sonko, un opposant actuellement en prison, est interprété par M. Diop comme une approbation tacite du report des élections. Il estime que ce report pourrait également servir les intérêts politiques de Sonko, souvent considéré comme un favori dans les sondages.
En proposant une solution pour apaiser la situation, M. Diop suggère que le président démissionne le 2 avril prochain, date de la fin de son mandat, laissant ainsi l’intérim au président de l’Assemblée nationale pour organiser de nouvelles élections dans un délai de trois mois, conformément à la Constitution. Cette proposition, bien que théoriquement envisageable, soulève des préoccupations quant à la gestion du contexte régional instable et des défis économiques par un nouvel acteur politique.
Dans un contexte où la stabilité régionale est primordiale, des pays comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont considérés comme des garants de cette stabilité et ne peuvent se permettre de traverser des périodes d’instabilité politique. La tâche actuelle pour la démocratie sénégalaise est difficile à effacer, mais des solutions sont nécessaires pour restaurer la confiance et préserver la stabilité du pays.