En politique, chaque chute laisse un vide que d’autres s’empressent de combler. Le récent déclin de l’ANC (African National Congress) aux élections générales du 29 mai en Afrique du Sud annonce un bouleversement géopolitique majeur. Pour la première fois depuis 1994, le parti de Nelson Mandela a perdu sa majorité absolue au Parlement, récoltant seulement 40,11 % des voix. Contraint de former une coalition pour gouverner, l’ANC explore diverses options.
Une alliance avec le parti Economic Freedom Fighters (EFF) est discutée, mais cette coalition est compliquée par les tensions internes, notamment avec le parti uMkhonto we Sizwe (MK) dirigé par Jacob Zuma. Cette configuration ne promet guère de changement dans la position de Pretoria sur le Sahara marocain. Cependant, un autre scénario pourrait bénéficier au Maroc : un rapprochement entre l’ANC et l’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition, qui prône une politique étrangère moins alignée sur les alliés traditionnels de l’ANC comme la Russie, l’Algérie et Cuba. Ce repositionnement pourrait influer favorablement sur la position sud-africaine concernant le Sahara marocain, en réduisant le soutien aux séparatistes du Polisario.
Le Maroc, avec sa diplomatie agile et sa stratégie économique, pourrait tirer profit de cette situation pour consolider son influence sur le continent africain. Le Royaume a déjà investi massivement en Afrique dans les infrastructures, les télécommunications et les énergies renouvelables. Un changement de gouvernement en Afrique du Sud pourrait renforcer ces liens économiques et repositionner le Maroc comme un leader régional.
Hicham Matad, chercheur en affaires stratégiques, souligne que l’acquisition par le Maroc de missiles sophistiqués comme les « Harpoon Block II » et « SLAM-E » témoigne de sa volonté de moderniser ses capacités militaires et de défendre sa souveraineté maritime. « L’intégration de ces armes dans l’arsenal des FAR s’inscrit dans la vision marocaine de moderniser les secteurs militaires et de défense », a-t-il déclaré.
Abdelali Benlyaz, professeur de sciences politiques à l’Université Mohammed V, estime que le recul de l’ANC ne changera pas immédiatement la position de l’Afrique du Sud sur le Sahara, mais il appelle les partis marocains à engager des dialogues diplomatiques avec leurs homologues sud-africains pour éclaircir le conflit du Sahara et rappeler les liens historiques entre les deux pays.
En conclusion, la chute de l’ANC pourrait offrir au Maroc une opportunité de renforcer ses positions en Afrique. Cependant, cette perspective nécessite une navigation prudente dans un paysage politique incertain, où le Maroc doit rester vigilant tout en espérant que les vents du changement soufflent en sa faveur.