Un nouveau rapport intitulé “Indice de l’industrialisation en Afrique 2022” (IIA 2022) publié par la Banque africaine de développement (BAD), l’Union africaine (UA) et l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) révèle que 37 pays africains, dont le Maroc, ont connu une importante amélioration au cours de la dernière décennie. L’Afrique du Sud a ainsi pu conserver sa position dans le top de la liste tout au long de la période 2010-2021, suivie de près par le Maroc, qui occupe la deuxième place cette année.
Cette étude intervient après la tenue du Sommet de l’Union Africaine portant sur l’industrialisation et la diversification économique, organisé au Niger afin de mettre la lumière sur le développement des pays africains dans ce secteur. Selon le rapport de la BAD, “l’Afrique a le potentiel de devenir la prochaine frontière mondiale pour le développement industriel”.
L’indice de l’industrialisation en Afrique 2022 reflète “la compréhension qu’a la Banque des composantes d’une industrialisation réussie ». Il est basé sur un ensemble complet de données disponibles, pertinentes et comparables, en fournissant un classement global des pays africains, « construit à partir de trois sous-indices” dont la performance, les déterminants directs et les déterminants indirects et 19 indicateurs clés.
L’analyse est fondée sur les données annuelles collectées depuis 2010 auprès de 52 pays africains leur permettant de suivre leurs progrès et comparer les performances et les modèles.
S’agissant du sous-indice des déterminants directs, le Royaume a pu remporter la première place à l’échelle continentale, suivi par l’Afrique du Sud, la Tunisie, l’Égypte, l’Algérie, la Mozambique, la Libye, la Mauritanie, le Ghana et le Cap Vert. Et concernant le sous-indice des déterminants indirects, le Maroc se classe en seconde position après l’Afrique du Sud et devant l’Égypte, la Tunisie et la Mauritanie.
Selon le rapport, le Maroc est l’une des économies manufacturières les plus fortes d’Afrique, enregistrant une amélioration continue dans toutes les dimensions de l’indice depuis 2010. Il explique que « le gouvernement a donné la priorité au développement industriel, notamment dans le secteur automobile« .
« Le Maroc exporte des équipements de distribution électrique, des véhicules à moteur, des engrais et des vêtements pour femmes vers les marchés mondiaux, notamment l’Europe, les États-Unis et le Brésil. La forte performance des exportations a permis au pays de devenir le deuxième plus grand exportateur de produits manufacturés du continent après l’Afrique du Sud« , ajoutent les rédacteurs du document.
Il représente désormais 21,1 % du total des exportations de produits manufacturés en Afrique, dépassant ainsi ses concurrents directs comme la Tunisie et l’Égypte. Le Maroc pourrait ainsi devenir le pays le plus industrialisé de l’Afrique.
Quant au plan de l’accompagnement au développement, la BAD souligne qu’elle apporte son soutien au Maroc “à l’élaboration du plan d’accélération de l’industrialisation du pays. Cela comprend l’appui budgétaire prévu pour les réformes structurelles”.
La même source dévoile que « deux prêts ont aidé le Groupe OCP au Maroc à développer ses installations de production et de stockage de phosphates et d’engrais, l’aidant ainsi à être compétitif sur les marchés régionaux et mondiaux« , ce qui a contribué à la création de milliers d’emplois. La BAD fait savoir que « ces investissements ont contribué de manière significative aux recettes publiques par le versement de dividendes, l’augmentation des taxes et des droits et la contribution aux recettes en devises du pays« .
Les rédacteurs du rapports affirment que la crise du COVID-19 a mis en évidence la faible intégration de l’Afrique dans les chaînes de valeur mondiales, « à l’exception des quelques pays participants, comme le Maroc et l’Afrique du Sud, qui ont été touchés par les perturbations signalées dans les chaînes d’approvisionnement mondiales« .
En outre, ils soulignent que d’autres pays montrent des signes prometteurs d’émergence de nouvelles industries comme le cuir en Éthiopie et les produits pharmaceutiques en Afrique de l’Est. Certains pays, dont l’Éthiopie, le Rwanda et le Maroc, mettent en place des réseaux de parcs industriels et de zones économiques spéciales (ZES), ainsi que d’autres mesures visant à promouvoir le développement des PME.
De ce fait, la BAD estime que l’indice servira de base « au dialogue politique avec les gouvernements africains » et à un « soutien sur mesure pour les aider à identifier les possibilités de faire avancer le développement industriel« .