Des violences ont éclaté dans plusieurs villes du Royaume-Uni après une attaque au couteau ayant tué trois enfants dans le nord-ouest de l’Angleterre. Cette tragédie a déclenché des émeutes alimentées par des rumeurs et la propagande de l’extrême droite, comme l’explique l’universitaire Maud Michaud.
Une semaine après l’attaque de Southport, le Royaume-Uni fait face à ses pires émeutes depuis une décennie. Des mosquées ont été assaillies, des saluts nazis effectués en public et des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile pris pour cible. Ces violences ont été déclenchées par des rumeurs infondées concernant la religion et l’origine de l’auteur de l’attaque, propagées par des groupuscules d’extrême droite.
Le Premier ministre Keir Starmer a fermement dénoncé ces actes, les qualifiant de « brutalités d’extrême droite ». Plus de 400 personnes ont été arrêtées depuis le début des troubles. Franceinfo a interrogé Maud Michaud, maîtresse de conférences en civilisation britannique à l’université du Mans, pour éclairer le contexte de ces émeutes.
Les élections législatives du 4 juillet ont vu le Labour remporter la majorité absolue, mais avec une montée inquiétante de l’extrême droite. Le parti Reform UK, dirigé par Nigel Farage, a obtenu cinq sièges au Parlement avec 4 millions de voix. C’est la première fois qu’un parti d’extrême droite entre officiellement à la Chambre des communes.
Les réseaux sociaux ont joué un rôle crucial dans la mobilisation des émeutiers. L’extrême droite britannique, moins représentée par des partis traditionnels, s’organise via des groupuscules actifs en ligne. Ces groupes partagent une idéologie anti-immigration, une haine des musulmans et la défense d’une identité britannique blanche.
Le gouvernement a désigné l’English Defence League (EDL) comme responsable des émeutes. Fondé en 2009 par Tommy Robinson, ce mouvement n’existe plus formellement mais reste très actif sur les réseaux sociaux. Robinson, connu pour ses propos islamophobes et anti-immigration, jouit d’une grande popularité en ligne.
Keir Starmer a assuré que les émeutiers seraient sévèrement punis. La justice a révélé l’identité du principal suspect de l’attaque de Southport, un jeune homme noir né à Cardiff, ce qui a paradoxalement renforcé la propagande de l’extrême droite.
Les émeutes se sont concentrées dans des villes du nord de l’Angleterre, historiquement touchées par la crise économique et le chômage. Le ressentiment de la classe ouvrière blanche, combiné à la montée de l’extrême droite, a alimenté ces violences.