Cette révolution sportive qui nous fait défaut au Maroc !
Au Maroc, la révolution sportive n’a pas eu lieu et elle ne risque pas d’avoir lieu de sitôt. Avec les JO de Paris 2024, une flagrante preuve supplémentaire nous est donnée montrant que la révolution sportive n’a pas eu lieu sous nos cieux !
Une révolution sportive, et accessoirement sociale, économique et culturelle, était largement à notre portée vu le formidable réservoir de jeunes, mais cette renaissance est demeurée lointaine et inaccessible vu que les chantiers n’ont pas été investis.
Exit le bilan des JO et qui se résume à la portion incongrue de la médaille d’or de Soufiane Bekkali qui a sauvé l’honneur de la tribu et la face de la fierté du peuple, et à un degré moindre à la médaille de bronze remportée par les Lionceaux de l’Atlas il faudra savoir s’arrêter sur le degré zéro de la compétitivité des sports au Maroc.
Franchement, il n’y a absolument pas de quoi être fier puisque le fiasco est comme d’habitude monumental !
Pour commencer, il faut savoir ne pas rendre à César ce qui appartient à Dieu !
A ce sujet, arrêtons la schizophrénie et l’irrationnel qui ne rend service à personne car on ne peut pas croire qu’une demi-finale en Coupe du Monde est le fruit de la formation de haut niveau au sein de l’Académie Mohammed 6 et en même temps rendre Walid Regragui responsable de l’échec en Coupe d’Afrique et de la déception lors de la demi-finale aux JO de Paris !
Sa Majesté avait adressé une Lettre Royale il y a de cela une vingtaine d’années et elle aurait dû servir de feuille de route sauf qu’elle n’a pas été traduite concrètement vu le flagrant manque de volonté politique chez les gouvernements qui se sont succédé depuis !
Une absence de vision et de stratégie pour une dynamique de développement, de croissance et de renaissance de la pratique sportive tant au niveau de la base avec des infrastructures qui font cruellement défaut au niveau des collectivités locales, tant au niveau du sport de haut niveau avec des clubs qui normalement devraient être gérés comme des entreprises modernes et non pas comme des coquilles vides qui brassent l’argent public sans aucun rendement sportif et humain et sans rentabilité financière aucune !
Oui , certainement en Coupe du Monde au Qatar l’équipe du Maroc a assurément contribué au rayonnement de l’image du Royaume à travers toute la planète.
C’est pour cela, que si l’Académie Mohamed 6 fait de l’excellent travail, ce modèle aurait dû être expérimenté dans toutes les régions du pays , dans toutes les disciplines sportives , à condition de former également des joueurs pouvant jouer des Coupes d’Afrique et pas seulement la Coupe du Monde et quelques profils à revendre aux clubs européens !
Sa Majesté avait fait le premier pas et donné l’exemple, mais qui a eu la bonne idée de suivre la même démarche !?
Tout d’abord, à quoi sert le ministère de la Jeunesse et des sports !? Ou plutôt à quoi a-t-il servi jusqu’à présent ?
Ne nous voilons pas la face car construire des stades dont les travaux de réfection et d’entretien coûtent aux contribuables chaque année des centaines de millions de dirhams et qui sont loués aux clubs , on ne pourra jamais dire que cela constitue une politique sportive nationale !
Aujourd’hui, ce département est rattaché à celui de l’éducation nationale Et à ce sujet, il y a un flagrant ratage et un échec retentissant en ce qui concerne le dossier » Sports-études « , un chantier qui n’a absolument pas été investi par l’actuel gouvernement!
L’arbre qui cache la forêt !
Les exploits de l’équipe du Maroc de football en Coupe du Monde, les rares victoires du Raja et du Wydad en Coupe d’Afrique, les succès à répétition du Futsal et les glorieux miracles des Said Aouita , Nawal El moutawakil , Hicham El Guerrouj et actuellement Souffiane El Bekkali ne sont malheureusement que l’arbre qui cache la forêt de l’indigence scandaleuse des clubs et celle des fédérations sportives.
Posons-nous quelques interrogations légitimes : Combien y a-t-il de pistes d’athlétisme dans notre pays !?
Et inversement, combien y a-t-il de régions et de villes sans la moindre piste d’athlétisme !?
Certains avaient très vite compris qu’ils ne pouvaient compter que sur leurs deux jambes et se sont mis à s’entraîner en pleine nature, dans les forêts et les plages ! Et c’est ainsi que nous avons eu un champion du monde de cross country avec Khalid Sekkah !
La grande indigence des clubs , l’incurie des responsables et des fédérations !!
Combien avons-nous de piscines, on ne parle pas des clubs privés pour familles aisées, mais de clubs pour former des nageurs et des nageuses de niveau international !?
Et surtout, également, de la même manière combien de villes sans parler des campagnes laissées pour compte, marginalisées et oubliées, n’ont pas une seule piscine digne de ce nom, de stade ou de salle !?
Combien de jeunes aimeraient pratiquer le rugby, le tennis , le cyclisme ou autre mais n’ont pas les moyens ?
Combien de jeunes tennismen sont soutenus financièrement pour intégrer le circuit professionnel et faire carrière?
Nous sommes en principe un pays qui possède plus de 3000 kilomètres de littoral, mais combien avons-nous de surfaces consacrées au Beach-volley ou au Beach soccer et autres disciplines comme le surf!
Le littoral est malheureusement abandonné à la spéculation sans foi ni loi des promoteurs immobiliers qui ont pignon sur rue et qui font la pluie et le beau temps au parlement comme dans les communes et autres mairies et conseils locaux !
Une feuille de route qui peut tenir la route !?
Normalement, l’organisation de la Coupe du Monde en 2030 devrait servir de tremplin pour une révolution sportive et une renaissance culturelle surtout au niveau des mentalités !
Pour cela, un débat démocratique et citoyen est une exigence vitale afin de poser les bases de nouvelles perspectives et les jalons d’un avenir prometteur. Une feuille de route ne sert absolument à rien si elle ne contribue pas à se fixer des objectifs chiffrés et à adopter des normes de gestion modernes.
Il y a une vision globale à déterminer et un modèle de développement à adopter.
Pour le moment, notre pays ne s’est inspiré ni du modèle français qui repose sur des écoles et instituts supérieurs ainsi que des centres de formation de très haut standing, ni du modèle espagnol où les universités fournissent chaque année 200.000 diplômés en diverses disciplines sportives qui seront recrutés partout dans le pays pour faire valoir leur savoir-faire ! Et encore moins du modèle américain où tous les lycéens qui se distinguent lors des jeux scolaires sont admis dans les universités les plus prestigieuses et reçoivent une bourse d’études de la part de l’état !
Oui, la révolution sportive n’a malheureusement pas eu lieu non pas faute de combattants puisque le vivier de jeunes est énorme et le potentiel énorme, mais faute de structures et d’infrastructures favorables à la pratique du sport .
Le sport est fatalement le miroir qui reflète les antagonismes majeurs qui gangrènent le pays sur le plan social, économique, politique et certainement sur celui de la gouvernance. Et à ce sujet, si une nouvelle génération de responsables et de décideurs ne prend pas les rênes, rien de nouveau ne pourra se faire au pays du Soleil couchant !
Ne n’oublions pas, le sport devrait en principe servir de levier pour le développement humain et social dans chaque région du Royaume, pour peu qu’on s’en donne les moyens et la volonté politique car malheureusement ce n’est absolument pas le cas !
Par Hafid Fassi Fihri
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AFAIDOLI
3 mois il y a
Il faut un changement radical des presidents de toutes les fédérations qui ont failli depuis des années. Un simple remaniement avec des victimes expiatoires ne contribuera en rien à notre renouveau sportif et les mettre orobablement sous la tutelle d’un homme d’envergure comme M.Lakjar avec des objectifs et des bilans réguliers
Il faut un changement radical des presidents de toutes les fédérations qui ont failli depuis des années. Un simple remaniement avec des victimes expiatoires ne contribuera en rien à notre renouveau sportif et les mettre orobablement sous la tutelle d’un homme d’envergure comme M.Lakjar avec des objectifs et des bilans réguliers