Depuis plusieurs mois, les hammams de Casablanca sont contraints de fermer trois jours par semaine, dans le cadre des mesures pour faire face au stress hydrique. Cette restriction, imposée à tous les établissements, vise à économiser l’eau durant certaines périodes de l’année. Toutefois, cette mesure plonge les propriétaires et employés des hammams dans une situation de grande précarité, exacerbée par les difficultés déjà rencontrées lors de la crise du Covid-19.
Les professionnels du secteur crient aujourd’hui à l’asphyxie. Travaillant seulement quatre jours par semaine, ils estiment vivre les moments les plus difficiles de leur vie. Cette fermeture partielle affecte directement leurs revenus, les empêchant de maintenir leurs activités à flot. Ils soulignent que ces fermetures ont un impact négatif non seulement sur leurs établissements, mais aussi sur les prix pratiqués, augmentant ainsi la pression sur les consommateurs.
Une mesure controversée
Dans une réponse écrite, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a justifié cette décision par la nécessité de lutter contre le manque d’eau dans certaines périodes spécifiques de l’année. Selon lui, cette mesure s’applique sans distinction à tous les types d’établissements, y compris les hammams, afin de réduire la consommation d’eau.
Cependant, les professionnels du secteur ne comprennent pas cette décision. Lors d’une récente manifestation, ils ont demandé un dialogue avec les autorités locales pour revoir ces restrictions. Ils estiment que l’impact des récentes pluies, qui ont contribué au remplissage des barrages, justifie la réouverture complète des hammams.
Des arguments en faveur de la réouverture
Les propriétaires de hammams mettent également en avant que leur approvisionnement en eau ne dépend pas directement des barrages, mais plutôt de l’eau de puits. Ils soutiennent que les citoyens qui se rendent dans les hammams gaspillent moins d’eau que ceux qui prennent des douches à domicile. « L’eau des douches domestiques provient des barrages, tandis que nos établissements utilisent principalement l’eau des puits », expliquent-ils.
Ils demandent donc la levée des restrictions qui affectent durement leur activité, déjà fragilisée par des mois de fermeture forcée durant la pandémie de Covid-19.
Une crise qui touche d’autres secteurs
Les hammams ne sont pas les seuls concernés par ces mesures. Le Wali de Casablanca, Mohamed Mhidia, a également ordonné la fermeture partielle des ateliers de lavage auto trois jours par semaine. Ces restrictions, appliquées les lundi, mardi et mercredi, visent à réduire la consommation d’eau, mais elles impactent également ces petits commerces.
Alors que les précipitations récentes offrent un répit à la crise hydrique, les professionnels des hammams espèrent que les autorités locales reviendront sur leur décision, permettant ainsi au secteur de retrouver un semblant de normalité.