Depuis la COP22 en 2016 jusqu’à la future Coupe du monde 2030, le Maroc a su s’affirmer comme une destination privilégiée pour les grands événements internationaux. Ce succès repose sur des atouts stratégiques : situation géographique avantageuse, infrastructures modernes et stabilité politique. Mais la clé de cette politique d’accueil réside dans sa stratégie d’influence, analyse la Fondation Friedrich Naumann.
La motivation du Maroc ne se limite pas à un simple gain économique. Accueillir des sommets et compétitions prestigieux, tels que les assemblées de la Banque mondiale et du FMI, a généré un record de 14,5 millions de touristes en 2023, soit 115 milliards de dirhams. Cependant, le Maroc voit au-delà des revenus directs, cherchant à asseoir son statut de pont entre l’Afrique, le monde arabe et l’Europe et à renforcer son soft power.
Cette démarche s’inscrit dans le Nouveau modèle de développement (NMD), visant la modernisation économique, la création d’emplois et le renforcement des infrastructures. Pourtant, certains observateurs pointent les risques d’un surinvestissement dans ces événements au détriment des besoins locaux pressants. La Fondation Friedrich Naumann, par exemple, souligne que des régions rurales touchées par des catastrophes naturelles, comme le récent séisme à Al Haouz ou la crise de l’eau, nécessitent des infrastructures plus essentielles.
La construction d’un stade de 100 000 places à Benslimane et la rénovation d’autres infrastructures pour 2030 suscitent des débats : sont-elles réellement prioritaires dans un pays confronté à des défis sociaux et environnementaux majeurs ?
Pour le Maroc, le défi réside dans l’équilibre entre l’accueil de grands événements et la durabilité. La NMD met en avant la nécessité de projets durables ; or, les méga-infrastructures comme les stades de football visent rarement cet objectif. Un modèle durable permettrait de transformer les investissements en atouts pour les communautés locales au-delà de la durée des événements.
La Coupe du monde 2030 représente une opportunité monumentale pour le Maroc, mais elle doit être alignée avec les besoins nationaux de développement pour garantir des bénéfices durables. En conciliant ses ambitions internationales et les réalités locales, le Maroc peut continuer à se positionner en acteur mondial sans compromettre le bien-être de ses citoyens.