Le système électoral présidentiel américain se distingue par sa complexité et son caractère unique, comme en témoignent les élections de 2016 où Donald Trump a remporté la présidence malgré trois millions de voix de retard sur Hillary Clinton. Ce paradoxe apparent s’explique par le mécanisme des grands électeurs, pierre angulaire du système américain.
Instauré par la Constitution de 1787, ce système d’élection indirecte représente un compromis entre l’élection directe par le peuple et celle par le Congrès. Malgré de nombreuses tentatives de réforme au fil des décennies, ce système perdure, bien qu’il suscite régulièrement des débats.
Le collège électoral compte 538 grands électeurs, principalement des responsables élus et militants locaux des partis. Leur répartition par État dépend de la représentation au Congrès : le nombre de représentants (basé sur la population) plus deux sénateurs. Ainsi, la Californie dispose de 55 grands électeurs, tandis que des États comme le Vermont n’en ont que trois.
Le principe du « winner-take-all » prévaut dans la majorité des États, signifiant que le candidat arrivé en tête remporte tous les grands électeurs de l’État, à l’exception du Nebraska et du Maine qui appliquent une répartition proportionnelle.
Cette particularité a créé des situations où des présidents ont été élus sans avoir obtenu la majorité du vote populaire. Ce fut notamment le cas en 2000 avec George W. Bush face à Al Gore, et en 2016 avec Donald Trump face à Hillary Clinton.
Les grands électeurs se réunissent en décembre dans leurs États respectifs pour voter. Bien que traditionnellement tenus de respecter le vote populaire de leur État, ce n’est que depuis une décision de la Cour Suprême en juillet 2020 que des sanctions peuvent être imposées aux « électeurs infidèles ».
Le processus s’achève officiellement en janvier de l’année suivante, lors de la certification des résultats par le Congrès, même si le vainqueur est généralement connu bien avant cette date officielle.
Ce système unique continue de susciter des débats sur sa pertinence dans la démocratie américaine moderne, notamment concernant sa capacité à refléter fidèlement la volonté populaire.