Le sujet des visas pour l’Europe continue de susciter des débats au Maroc. Lors d’une récente session parlementaire, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a mis en lumière les dérives liées à l’intervention de réseaux d’intermédiaires et de courtiers non agréés. Ces derniers profitent des failles du système de réservation des rendez-vous pour extorquer d’importantes sommes aux demandeurs de visas, rendant le processus coûteux et frustrant.
Des intermédiaires omniprésents et des coûts qui explosent
Les demandeurs de visas se retrouvent souvent dans l’impossibilité de réserver directement un rendez-vous en raison de l’accaparement des créneaux par des intermédiaires illégaux. Ces courtiers revendent ces rendez-vous entre 600 et 1 000 dirhams, une somme qui s’ajoute aux 200 dirhams qu’ils facturent pour des réservations fictives de billets d’avion et de chambres d’hôtel. Ces réservations, souvent annulées par la suite, servent uniquement à compléter le dossier de visa.
En conséquence, le coût total d’une demande de visa dépasse les 1 700 dirhams par personne, ce qui représente presque le double du tarif initial prévu. Cette pratique, illégale et abusive, entrave l’accès des citoyens marocains à un service transparent et équitable.
Nasser Bourita a assuré que son ministère continue d’interpeller les missions diplomatiques européennes sur cette problématique. Les discussions bilatérales régulières avec les consulats étrangers mettent en avant la nécessité de corriger ces dysfonctionnements afin de protéger les citoyens marocains contre les abus des courtiers. Des résultats notables ont déjà été obtenus, notamment avec l’introduction, par la société gérant les visas français au Maroc, d’une procédure de vérification d’identité via des appels vidéo avant la confirmation des rendez-vous.
Le phénomène n’est pas nouveau, mais il prend de l’ampleur, notamment pour les visas familiaux, étudiants ou médicaux, où les délais de traitement sont souvent critiques. Selon Idriss Sentissi, président du groupe haraki à la Chambre des représentants, les citoyens se retrouvent dans une situation où leurs intérêts sont bloqués et où ils sont contraints de payer des sommes exorbitantes pour accéder à un simple rendez-vous.
Pour pallier ces abus, Sentissi a proposé de renforcer la cybersécurité et d’utiliser l’intelligence artificielle afin de sécuriser les plateformes de prise de rendez-vous. Il appelle également à davantage de transparence et à un suivi strict pour limiter l’intervention des courtiers.
Le ministère des Affaires étrangères s’engage à continuer ses efforts pour garantir aux Marocains un accès équitable aux visas, dans le respect de leur dignité et des lois en vigueur. Cependant, sans une réforme en profondeur des systèmes de réservation et un contrôle accru, les courtiers continueront de prospérer au détriment des citoyens.
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