La mendicité, souvent perçue comme une conséquence de la pauvreté, s’est transformée pour certains en véritable métier. Une réalité dénoncée par plusieurs études et récemment mise en lumière par une série télévisée, qui a révélé l’existence de bandes organisées et la richesse insoupçonnée de certains mendiants. Selon des témoignages, la mendicité peut rapporter plus de 1 000 dirhams par jour, un revenu bien supérieur à celui de nombreux emplois traditionnels, qui peinent parfois à dépasser 100 dirhams par jour. Cette rentabilité encourage de nombreux mendiants à refuser tout travail régulier, confortant ainsi l’idée d’une mendicité « professionnelle ».
Face à ce fléau, souvent alimenté par la générosité spontanée des passants, le gouvernement marocain s’engage dans une lutte acharnée pour éradiquer cette pratique sous toutes ses formes. Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a annoncé des mesures renforcées pour combattre ce phénomène, particulièrement dans une ville comme Marrakech, où la mendicité est omniprésente.
Une lutte sécuritaire et sociale
Dans une réponse écrite adressée à la députée Aziza Boujrida, Laftit a précisé qu’au cours des neuf premiers mois de l’année, 2 514 affaires liées à la mendicité ont été traitées, conduisant à l’arrestation de 2 557 personnes, dont 181 étrangers, principalement originaires de pays subsahariens. Parmi les interpellés, 2 020 ont été placés en garde à vue, tandis que 541 ont été libérés sur instruction du parquet. Ces chiffres incluent 2 039 adultes et 518 mineurs, ce qui souligne l’exploitation massive des enfants dans cette activité.
Pour répondre à cette problématique, le ministre a annoncé une approche intégrée mobilisant police judiciaire, services de sécurité publique, renseignements généraux et autorités locales. L’objectif est de démanteler les réseaux organisés qui exploitent des mineurs ou pratiquent une mendicité agressive et « professionnelle ». Ces efforts seront soutenus par l’installation de caméras de surveillance dans les zones sensibles et des patrouilles régulières sur les grands axes et lieux stratégiques, tels que les gares, mosquées et sanctuaires.
Répression et réinsertion sociale
Le gouvernement entend adopter une stratégie combinant répression et soutien social. Si des sanctions sévères sont prévues pour les récidivistes et les réseaux criminels, une attention particulière sera accordée aux mineurs et aux personnes vulnérables. Ces dernières bénéficieront de programmes de réinsertion sociale en coordination avec le parquet et les acteurs sociaux concernés.
En outre, des actions spécifiques seront menées durant les périodes sensibles, comme le Ramadan et les fêtes religieuses, où la mendicité connaît une recrudescence. Les comportements déviants, tels que les demandes agressives ou violentes, seront particulièrement visés par les forces de l’ordre.
Sensibiliser les citoyens pour freiner la mendicité
Lutter contre ce phénomène implique également une prise de conscience collective. La générosité des passants, bien qu’animée par de nobles intentions, alimente souvent involontairement un système profondément nuisible. En privilégiant les dons à des associations ou structures officielles, les citoyens peuvent contribuer à décourager cette activité.
Un cadre de vie sécurisé pour tous
Le ministre Laftit a conclu en affirmant que ces mesures visent non seulement à réprimer mais aussi à prévenir l’aggravation de ce phénomène, garantissant ainsi un cadre de vie plus sécurisé pour les citoyens. La coordination entre les institutions judiciaires et sociales constitue une avancée significative dans la lutte contre ce fléau, offrant une lueur d’espoir pour un avenir où la mendicité ne sera plus un métier, mais un problème résolu.
.