La vente illégale de médicaments via Internet et les réseaux sociaux connaît une recrudescence inquiétante au Maroc. Face à cette menace, la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM) appelle à des mesures concrètes pour contrer ce phénomène, devenu un véritable fléau pour la santé publique.
L’appât du gain au détriment de la santé
Dans une société où l’enrichissement rapide devient une obsession, beaucoup aspirent à des métiers comme médecin ou pharmacien, non pas par vocation, mais pour l’appât du gain. Ce travers trouve un écho alarmant dans la prolifération de la vente clandestine de médicaments sur les réseaux sociaux, où tout produit, légal ou non, est à portée de clic. Peu importe les conséquences sur les utilisateurs : l’essentiel est de vendre, parfois au mépris total des normes de sécurité sanitaire.
Ces pratiques concernent une large gamme de produits, allant des médicaments courants comme le paracétamol, aux stimulants sexuels, en passant par des substances détournées pour des usages illégaux, comme les avortements. Pire encore, la traçabilité de ces produits est quasi inexistante, exposant les consommateurs à de graves dangers.
Des mesures légales renforcées
Pour freiner cette dérive, le gouvernement marocain a récemment adopté un décret-loi complétant le Code du médicament et de la pharmacie. Ce texte vise à encadrer strictement la vente et la promotion de médicaments en dehors des pharmacies agréées. Bien que saluée par les professionnels, cette mesure seule ne suffit pas.
Mohamed Lahbabi, président de la CSPM, souligne l’ampleur de la menace : « Ce réseau parallèle, informel et opaque, prend de l’ampleur jour après jour. » Selon lui, les réseaux sociaux regorgent d’annonces pour des produits non homologués et potentiellement dangereux, tels que les compléments alimentaires et les dispositifs médicaux, dont la vente est strictement encadrée par l’Agence nationale du médicament.
La solution : un portail et des brigades spécialisées
Pour combattre efficacement ce phénomène, la CSPM propose des actions concrètes. La première serait la création d’un portail national permettant de signaler les publicités et pages illicites. Ce dispositif serait complété par des brigades mixtes, associant inspecteurs de santé et experts en cybercriminalité, afin de traquer et sanctionner les responsables.
Cependant, Lahbabi insiste sur l’importance de la coordination : « Les brigades de lutte contre la cybercriminalité, bien que compétentes, ne maîtrisent pas les subtilités du domaine médical. Une collaboration avec des spécialistes est donc essentielle. »
Une prise de conscience nécessaire
La vente illégale de médicaments n’est pas qu’un simple délit commercial : c’est une atteinte directe à la santé publique. Derrière chaque transaction illicite, il y a un consommateur qui risque sa santé, voire sa vie. L’initiative de la CSPM mérite donc d’être soutenue pour endiguer cette pratique dangereuse et rappeler que la santé ne doit jamais être sacrifiée sur l’autel du profit.