Lors d’une intervention devant la Commission de l’éducation et des affaires culturelles de la Chambre des conseillers, le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amin Tahraoui, a dressé un état des lieux des principaux enjeux de son secteur, en abordant des sujets sensibles tels que l’émigration des cadres de santé, les prix des médicaments, et les ruptures de stock de certains traitements.
L’émigration des compétences médicales : un défi persistant
Le ministre a souligné que l’émigration des cadres médicaux représente une problématique majeure, mais qu’il n’est pas envisageable de promulguer une loi pour interdire cette pratique. Selon lui, « il est préférable de miser sur leur retour, après qu’ils aient accumulé une expérience significative à l’étranger, afin qu’ils contribuent au développement du système de santé marocain. »
Pour contrer ce phénomène, Amin Tahraoui a annoncé la mise en œuvre d’un plan visant à améliorer les conditions de travail et les infrastructures. Il a mis en avant les équipements modernes du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Mohammed VI de Tanger et du futur CHU d’Agadir, comme exemples d’environnements de travail conformes aux standards internationaux, capables de rivaliser avec ceux des pays avancés.
La réforme des hôpitaux et des métiers de la santé
Le ministre a promis une série de réformes législatives pour améliorer les conditions de travail dans les hôpitaux universitaires et dans les établissements de santé en général. Ces réformes visent à rendre les métiers de la santé plus attractifs et à répondre aux attentes des professionnels.
Les médicaments : entre prix élevés et ruptures de stock
Concernant les prix des médicaments, le ministre a réitéré que ces derniers sont influencés par les marges de fabrication, de distribution et de vente. Il a appelé à encourager la fabrication locale, notamment des médicaments génériques, pour accroître l’autosuffisance nationale.
Dans le cadre de la loi de finances 2024, le gouvernement a déjà pris des mesures significatives, notamment l’exonération totale de la TVA sur les médicaments et les matières premières nécessaires à leur production. Cela concerne environ 4 500 médicaments, originaux et génériques.
La gestion des ruptures de stock
Face aux pénuries de certains médicaments, souvent dues à des problèmes de production à l’étranger ou à une demande accrue, le ministère met en place une stratégie nationale de gestion des stocks. Cela inclut une augmentation des budgets alloués aux médicaments, une coordination avec le ministère de l’Économie et des Finances, ainsi qu’une optimisation des systèmes d’information pour surveiller et redistribuer les stocks en fonction des besoins régionaux.
Vers une meilleure sécurité sanitaire
Le ministre a insisté sur la priorité accordée à la sécurité sanitaire et au renforcement des capacités locales. Avec une enveloppe budgétaire prévue de 1,8 milliard de dirhams dans le projet de loi de finances 2025, le Maroc entend investir davantage dans la production de médicaments génériques et la gestion des infrastructures de santé.
Ces initiatives ambitieuses témoignent de la volonté du gouvernement de transformer durablement le secteur de la santé, en répondant aux besoins des citoyens tout en renforçant l’attractivité du système pour les professionnels de la santé.