À l’occasion de la Journée internationale des migrants, célébrée chaque 18 décembre, la Ligue marocaine des droits de l’Homme a publié un rapport exhaustif intitulé « Pour un Maroc plus humain, respectueux des droits des migrants et protecteur de leur dignité ». Ce rapport met en lumière les progrès accomplis par le Maroc dans la gestion des migrations, tout en soulignant les défis persistants.
Des avancées significatives dans la politique migratoire
Adoptée en 2012, la politique nationale d’immigration et d’asile constitue une avancée majeure vers une gestion humaniste des flux migratoires. Cette stratégie a notamment permis la régularisation de près de 50 000 migrants en situation irrégulière à travers deux opérations en 2014 et 2017. Ces régularisations leur ont offert l’accès à des droits fondamentaux, tels que la santé, l’éducation et la formation professionnelle, facilitant ainsi leur insertion dans la société marocaine.
Le rapport rappelle également l’engagement du Maroc envers les conventions internationales, notamment la ratification de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. Le pays s’est également illustré par l’organisation du Forum mondial sur la migration et le développement à Marrakech en 2018, qui a donné naissance au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.
Des défis structurels freinent les efforts
Cependant, la Ligue met en avant plusieurs obstacles entravant l’intégration des migrants. Parmi eux figurent la faiblesse de l’inclusion économique et la précarité sociale, particulièrement pour les femmes et les enfants. La persistance de comportements discriminatoires et racistes envers les migrants issus d’Afrique subsaharienne aggrave leur situation. Ces problèmes sont exacerbés par l’absence d’un cadre juridique complet garantissant la protection de toutes les catégories de migrants, notamment les victimes de la traite des êtres humains.
Le rapport souligne également que, malgré les efforts fournis, les conditions d’accueil dans certaines zones, notamment les centres d’hébergement temporaire, restent inhumaines. De plus, l’exploitation économique des migrants dans le secteur informel reflète leur marginalisation.
Des recommandations pour une gestion durable et équitable
Face à ces constats, la Ligue appelle à une série de mesures urgentes et structurelles pour renforcer les droits des migrants. Elle recommande :
- La mise en place d’un cadre juridique global pour protéger les migrants et les réfugiés, notamment les victimes de la traite.
- L’amélioration de l’inclusion économique et sociale, par l’accès à l’emploi formel et à l’éducation pour tous les enfants migrants.
- Des campagnes nationales contre le racisme et la discrimination, promouvant les valeurs de coexistence et d’intégration.
- Une coopération internationale renforcée, notamment avec les pays africains et européens, pour adopter des solutions durables face aux défis migratoires.
Enfin, le rapport avertit des dangers de l’utilisation abusive de technologies comme l’intelligence artificielle par certains partenaires européens, qui pourraient engendrer des décisions inhumaines telles que le renvoi des migrants sans considération pour les liens familiaux.
Si le Maroc a accompli des avancées notables dans la gestion des migrations, il reste confronté à des défis majeurs. Le rapport de la Ligue marocaine des droits de l’Homme plaide pour une approche plus inclusive et solidaire, où les droits des migrants sont pleinement respectés, contribuant ainsi à bâtir un Maroc véritablement humaniste.