Un rapport parlementaire récent met en lumière les graves difficultés financières auxquelles fait face la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM). La dette accumulée par l’entreprise atteint près de 40 milliards de dirhams, englobant des emprunts bancaires, des obligations et des financements de diverses institutions financières nationales et internationales.
Une gestion financière préoccupante
Selon le rapport final de la mission exploratoire temporaire sur ADM, rédigé par la Commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et du développement durable à la Chambre des représentants, les revenus issus des péages ont atteint 3,7 milliards de dirhams en 2023, mais cela n’a pas permis d’améliorer la situation des dettes.
Le rapport pointe également du doigt des dysfonctionnements en matière de gouvernance et des dépenses jugées inutiles, comme le lancement d’une radio interne sans autorisation préalable. Une mauvaise coordination entre ADM et d’autres institutions publiques a également été soulignée.
Une dette prolongée à 99 ans
Le rapport critique la prolongation de la dette d’ADM sur une période de 99 ans, dans un contexte où l’entreprise prévoit de construire 1 200 kilomètres d’autoroutes supplémentaires d’ici 2030. Cette situation met en évidence l’absence d’une vision stratégique claire et la difficulté de financer ces projets sans aggraver davantage l’endettement.
Les causes de l’endettement
Le document attribue cette situation à plusieurs facteurs :
- Investissements importants nécessaires pour développer l’infrastructure.
- Problèmes opérationnels et financiers.
- Impact de la pandémie de Covid-19, qui a réduit significativement la circulation et donc les revenus de la société.
- Non-respect par l’État de ses engagements financiers envers ADM.
- Augmentation des coûts d’exploitation et de maintenance, exacerbée par la hausse des prix des carburants et des matériaux de construction.
Conséquences sur les opérations
Cette dette massive freine la capacité d’ADM à investir dans de nouveaux projets et à assurer la maintenance de son réseau existant, menaçant ainsi la sécurité des usagers.
Des ressources humaines en déclin
Le rapport dénonce également un déclin du personnel officiel de l’entreprise, passé de 550 à 440 employés en dix ans. À cela s’ajoute un mécontentement croissant parmi les 900 travailleurs des stations de péage, représentant environ 50 % des effectifs sous-traités.
La faiblesse de l’encadrement est également un problème majeur : environ 122 employés, dont 77 cadres, ont quitté l’entreprise, ce qui a conduit ADM à recourir à des cabinets d’études étrangers pour réorganiser ses structures. Cependant, ces initiatives n’ont pas donné les résultats escomptés.
Une réorganisation nécessaire
Face à ces constats alarmants, le rapport appelle à une réforme profonde pour stabiliser la situation financière de l’entreprise, renforcer ses capacités humaines et améliorer la gouvernance. Sans une intervention rapide et efficace, ADM risque de compromettre ses ambitions pour le développement des infrastructures routières du Maroc.
Sans contrôle, ni suivis sérieux rien n’y va