Avec 127 milliards de dirhams régularisés, l’amnistie fiscale de 2024 a marqué un tournant pour le Maroc. Ce chiffre, bien au-delà des attentes, témoigne de l’ampleur de l’économie souterraine qui gangrène le pays depuis des années. Sur ce montant, 125 milliards concernent des liquidités non déclarées, reflet d’une économie informelle qui représente près de 30 % du PIB national.
Un succès, mais à quel prix ?
Cette opération, initiée par la Loi des Finances 2024, a permis à l’État de collecter plus de 6 milliards de dirhams en contributions libératoires, tout en incitant de nombreux citoyens à sortir de l’illégalité. Mais cet engouement soulève des questions : est-ce la peur de sanctions fiscales accrues ou l’attractivité de l’opportunité offerte par l’amnistie qui a motivé ces régularisations ? Quoi qu’il en soit, ce succès ne doit pas masquer le problème structurel de l’économie informelle.
Un problème de confiance
L’explosion de la circulation du cash, passée de 180 milliards de dirhams en 2014 à 425 milliards en 2025, illustre le manque de confiance des citoyens envers le système bancaire et fiscal. La pandémie de Covid-19 n’a fait qu’exacerber ce phénomène, poussant de nombreux Marocains à thésauriser leurs liquidités par crainte de l’instabilité économique et institutionnelle.
Un chantier de réformes urgent
Il est temps de rompre avec les demi-mesures. Les mesures temporaires, comme l’amnistie fiscale, ne suffisent plus. Une réforme profonde est nécessaire pour intégrer durablement l’économie informelle dans le système formel. Cela passe par :
- Des incitations fiscales pour encourager la bancarisation.
- La réduction des coûts des services bancaires.
- Une généralisation des paiements électroniques.
- Des contrôles renforcés contre la fraude fiscale.
L’heure du changement
Le Maroc ne peut plus se permettre de tolérer une économie parallèle qui freine son développement. Avec des recettes fiscales en hausse de 9,8 % entre 2021 et 2023, les efforts de l’administration fiscale doivent s’intensifier pour élargir l’assiette fiscale et réduire l’évasion. L’amnistie fiscale de 2024 pourrait bien être la dernière fenêtre de tolérance. Il est désormais crucial de restaurer la confiance entre les citoyens et l’État pour bâtir une économie transparente et durable.
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