La société marocaine est régulièrement secouée et agitée par des polémiques qui font verser beaucoup d’encre et des controverses qui éclatent pour un laps de temps puis s’évaporent et s’évanouissent comme des vagues qui meurent au rivage !
D’un débat à l’autre, d’une polémique à une autre, pourvu que cela occupe les badauds le temps que la fièvre baisse ! Un débat en chasse un autre, et la vie continue.
La dernière polémique en date est bien entendu celle du débat concernant les propositions pour la réforme de la Moudawana, quelques mois seulement après celles des libertés individuelles et des relations consenties ! Et puis, tout récemment, une controverse autour du principe de laïcité !
Et les débats vont très loin avec, fatalement, des théories complotistes et des plans qui viseraient, dans l’ombre, à faire exploser la cellule familiale et éloigner la société marocaine de la religion musulmane !
Des complots, cela a toujours existé et il y en aura toujours, d’où l’urgence absolue et l’exigence vitale de rester vigilants pour ne pas tomber dans les extrêmes, dans un sens comme dans l’autre !
Il y a eu, bien avant, le débat sur Rayan, le petit garçon mort au fond d’un puits, une émotion immense, une onde de choc, et puis plus rien !
Le débat sur la nuit du 15 septembre et ces milliers de mineurs qui avaient pris d’assaut le préside occupé de Sebta, dans l’espoir de rejoindre l’Eldorado !
Là aussi, beaucoup de bruit pour presque rien puisque, malgré un rapport explosif du Conseil économique, social et environnemental, aujourd’hui on ne parle pas beaucoup des NEET, ces jeunes sans formation et sans emploi, et encore moins d’éventuelles stratégies du gouvernement en leur direction !
Un débat sur la nécessaire réforme du système éducatif et sur les plans en faveur des jeunes aurait été légitime et judicieux avant que l’on se retrouve avec de nouvelles vagues de dizaines de milliers de jeunes désirant émigrer clandestinement !
Et surtout, il y a également le débat concernant les opérations de reconstruction après le séisme qui avait frappé le Haouz !
Là aussi, une commission d’enquête parlementaire est en train de se pencher sur la question pour voir pourquoi, malgré les budgets alloués, les opérations de reconstruction traînent le pas !
Il y a eu le débat sur les trains à grande vitesse, avec ceux qui étaient contre et ceux qui étaient pour. À ce sujet, le « train » est en marche et fatalement la LGV ne s’arrêtera pas à toutes les gares, sauf que beaucoup de voyageurs aspirent à une meilleure qualité de service dans les trains à vitesse normale !
Le débat concernant la Coupe du Monde 2030 n’est pas en reste, avec ceux qui sont contre, arguant, dans un populisme ravageur quoique légitime, que le Maroc sera surendetté et qu’il ne bénéficiera pas des infrastructures nécessaires à cette organisation, et ceux et celles qui sont favorables car le soft power du Royaume va rayonner et briller, et certainement encore plus qu’au Qatar en 2022.
En ce qui nous concerne, on verra bien en 2030, après la Coupe du Monde, si la situation socio-économique du pays s’est améliorée.
Il y a eu, pour ne pas oublier, le débat à propos des aides directes aux plus démunis et celles pour l’aide au logement. Concernant ces dernières, le Médiateur du Royaume vient justement d’épingler le gouvernement concernant les grosses difficultés d’accès pour les ménages défavorisés à ce programme d’aide au logement !
Et par-dessus tout, les débats à propos de la sécheresse, de la crise de l’eau, du boom des exportations agricoles et de la hausse des prix des fruits, des légumes et des viandes rouges et blanches !
Excusez le fait que je saute du coq à l’âne, même si j’avoue affectionner particulièrement ce genre d’exercice intellectuel, mais c’est juste pour montrer que ce ne sont pas les débats qui manquent au sein de la société marocaine !
Il n’y a qu’au sein des deux chambres du Parlement qu’un vrai débat crédible n’a pas eu lieu, concernant la loi de finances 2025, par exemple.
Sinon, non pas que les Marocains aient l’indignation sélective, mais vu les tensions et la violence de certaines polémiques, et la manière avec laquelle elles s’estompent tout brusquement, on peut estimer, d’un point de vue sociologique, que les Marocains ont probablement la mémoire « trouée » ou « tatouée », comme dirait Abdelkbir Khatibi.
C’est surtout que, pour beaucoup, le quotidien reprend son train-train et que les polémiques stériles et sans valeur ajoutée n’apportent rien de concret et de positif alors qu’il y a des difficultés quotidiennes à affronter et que le gouvernement reste désespérément aux abonnés absents !
Ainsi, si beaucoup se servent des réseaux sociaux pour exprimer leur indignation, leur colère et leur désapprobation, d’autres doivent certainement penser que tant que cela occupe le peuple, tout va bien ! Tant pis s’il y a un danger de manipulation !
Quel rapport entre la Moudawana, les libertés individuelles, les relations consenties et la laïcité qui, chacune, ont fait polémique et ont eu droit à des débats sans lendemain !?
Des priorités à hiérarchiser !
Nous sommes en 2025, dans un monde sens dessus dessous, et il faudrait, dans l’immédiat, au lieu de discuter de questions d’héritage inutiles, stériles et absolument pas prioritaires, immuniser la société marocaine grâce aux valeurs morales communes à la nation, aux repères immuables qui façonnent le socle du Royaume.
La religion musulmane n’a pas besoin de leçons de modernité et de progressisme, et aucun courant ne peut s’estimer en droit d’imposer sa vision de la société aux autres !
La grande précarité, voilà la question !
Il y a de très nombreux Marocains, très défavorisés, qui se marient et fondent des familles même s’ils n’ont ni emploi, ni source de revenus stables, et encore moins de perspective d’avenir. Et pour ceux-là, il faudrait que les décideurs et les gouvernants trouvent des solutions quant à cette grosse précarité.
Les déshérités !
Oui, car ceux-là ne se font plus aucune illusion et subsistent tant bien que mal. Les questions d’héritage ou autres, cela ne remplit pas leur panier, surtout que leurs enfants n’ont absolument rien à hériter !
On ne vous apprend rien de nouveau : les déshérités n’ont rien à hériter et encore moins que rien à laisser à leurs enfants !
Alors, État religieux ou laïc !? Est-ce vraiment une question qui fait partie de nos priorités, qui, au demeurant, tardent à être hiérarchisées ?
Il n’y a qu’une seule question à se poser : est-ce que l’État est prêt à consentir les efforts et les incitations nécessaires pour encourager les jeunes à se marier, tout en mettant en place des formations pour les couples fiancés, avant de leur enseigner leurs droits et obligations ?
Il y a aujourd’hui une réalité démographique qui s’impose à nous et une natalité à préserver très vite pour ne pas subir d’effondrement démographique !
Si vous voulez mon avis, s’il n’y avait qu’un seul débat à avoir, c’est celui concernant la paix sociale, la cohésion familiale et donc, accessoirement, l’emploi, l’investissement productif, le coût de la vie et le pouvoir d’achat malmené et agressé de toutes parts depuis quelques années déjà !
Touche pas à ma religion !
Si la religion est la valeur sûre et le repère idéal qui façonnent tous deux l’identité d’une majorité de Marocains, il faudra faire gaffe à jouer avec le feu et gare à entraîner la société en s’aventurant vers les sables mouvants de lendemains incertains.
État religieux ou laïc !? Au risque de me répéter : alors, État religieux ou laïc !?
Le plus urgent et le plus important, ce serait un véritable État social répondant concrètement aux besoins des populations, une croissance économique profitant au plus grand nombre, et une égalité à promouvoir dans l’emploi et l’éducation : voilà la quadrature du cercle qui permettra au Royaume de tirer son épingle du jeu et d’avancer sereinement vers des rivages paisibles, sans oublier personne sur le chemin !
Il y a une responsabilité collective, d’autant plus pour les élites et les décideurs, de sauvegarder un modèle sociétal égalitaire en évitant les polémiques stériles et la fitna contre-productive dans un environnement international exacerbé par les incertitudes, les tensions, les vicissitudes et les turpitudes d’une géopolitique de chaos, face à laquelle il faut savoir garder le cap.
Il est des frustrations et des impatiences qui peuvent se transformer en violences incontrôlables. Alors, ne vaut-il pas mieux, dans un pays de jeunes, faire l’amour que faire la guerre ?
Sans plaisanter, puisque la question est sérieuse, moi, je propose qu’on donne à chaque jeune homme une jeune femme avec appartement et voiture, et vice-versa !
Mais il faut faire vite, car avec l’IA et les robots, il se peut que les femmes n’aient plus besoin des hommes dans un avenir très proche !
Tout cela pour en arriver là : alors trouvons de véritables réformes, dignes de ce nom, capables d’améliorer le quotidien et la qualité de vie des Marocains !
Tout le reste n’a franchement aucune importance, à mes yeux du moins !
Faites l’amour, ne faites pas la guerre, oui, mais à condition d’avoir des conditions de vie décentes, avec un minimum de ressources et de prestations sociales pour vivre en harmonie dans sa famille et avec sa religion !
Sinon, c’est pousser les plus pauvres vers des horizons de désespoir et de résignation face aux sirènes qui ne connaissent ni morale religieuse, ni sentiment d’appartenance, ni loyauté à la patrie !
En même temps, lorsque certains « responsables irresponsables » ne montrent aucun penchant pour l’éthique et les valeurs morales de l’islam, vu leur palmarès en mercenariat, en corruption, en promesses électorales mensongères, et en trafics et détournements de fonds, c’est qu’il y a un gros problème de représentativité démocratique des citoyens et trop peu de bonnes personnes à la bonne place !
À bon entendeur, salut.
Hafid Fassi Fihri