La Chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca a réduit, mercredi soir, la peine de prison infligée à l’ancienne juge Malika El Amri. Initialement condamnée à trois ans de prison ferme, sa peine a été ramenée à huit mois, marquant un tournant dans une affaire qui a captivé l’opinion publique.
Une condamnation retentissante
En première instance, le tribunal correctionnel de Aïn Sebaâ avait jugé l’ex-juge coupable de plusieurs chefs d’accusation, dont « diffusion de fausses allégations et faits dans le but de porter atteinte à la vie privée » et « diffamation » à l’encontre de hauts responsables judiciaires. Elle avait également été condamnée à une amende de 2.000 dirhams.
Les faits remontent au 28 juin dernier, lorsque Malika El Amri avait diffusé une vidéo devenue virale. Dans celle-ci, elle dénonçait ce qu’elle qualifiait d’« appropriation illégale » d’un terrain appartenant à son père, d’une valeur estimée à 600 millions de dirhams. Elle pointait directement du doigt des responsables judiciaires, tout en adressant des messages au roi Mohammed VI, en sa qualité de « premier juge ».
Dans cette vidéo, elle déclarait que la justice marocaine était « mourante » et « en soins intensifs », ajoutant des accusations graves contre plusieurs personnalités du milieu judiciaire.
Une enquête approfondie
Suite à ces déclarations, le parquet de Casablanca a rapidement réagi en ordonnant une enquête approfondie menée par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ). L’objectif était de vérifier la véracité des accusations formulées par l’ex-juge.
Malika El Amri, âgée de 68 ans, a été accusée de « diffusion de fausses allégations », « outrage aux magistrats », et « tentative d’influence sur les décisions judiciaires avant jugement définitif », parmi d’autres chefs d’accusation.
Un état de santé préoccupant
Le procès de l’ex-juge a été marqué par des reports répétés en raison de son état de santé fragile. Souffrant de plusieurs maladies chroniques, notamment le diabète, elle a également subi deux AVC par le passé. Elle s’est présentée à plusieurs audiences en fauteuil roulant et a même été hospitalisée après avoir perdu connaissance à l’annonce de sa détention.
Malgré les demandes de libération sous caution formulées par sa défense, invoquant son âge et son état de santé, le ministère public s’y est constamment opposé.
Une décision controversée
La décision de la Cour d’appel de réduire sa peine à huit mois de prison ferme est perçue comme un compromis, mais elle continue de diviser l’opinion. Certains y voient un geste d’humanité compte tenu de son état de santé, tandis que d’autres estiment que cette affaire soulève des questions sur la liberté d’expression et les limites de la critique envers les institutions judiciaires.
.