Lors d’une récente conférence de presse consacrée aux succès diplomatiques de la Russie en 2024, Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe, a fait une déclaration qui pourrait marquer un tournant dans les relations entre Rabat et Moscou sur la question sensible du Sahara marocain. Cette déclaration soulève une question cruciale : la Russie s’apprête-t-elle à suivre les nombreux pays qui ont déjà reconnu l’autonomie du Maroc sur son Sahara ? Si tel est le cas, ce serait un coup dur pour l’Algérie, adversaire historique de la position marocaine.
Un renforcement des relations entre Rabat et Moscou
« Le Maroc est un pays ami. Nous avons de bons projets communs, et nous aidons les Marocains à résoudre les problèmes liés au ministère des Affaires étrangères, notamment la question du Sahara », a affirmé Sergueï Lavrov. Cette déclaration souligne l’importance croissante des relations bilatérales entre les deux nations. Moscou, tout en restant prudente sur le dossier du Sahara, semble ouvrir la voie à un positionnement plus clair.
Lavrov a également remis en question l’efficacité des anciennes résolutions de l’ONU sur le Sahara, adoptées il y a plus de quarante ans, et a plaidé pour « des accords acceptés par tous ». Il a ajouté : « Nous savons combien cela est important pour le Maroc, et nous ferons de notre mieux pour faire avancer les choses. »
Un enjeu stratégique pour le Maroc
Depuis des années, le Maroc réclame une prise de position franche de ses partenaires sur la question du Sahara. Grâce à une diplomatie proactive sous la conduite du roi Mohammed VI, Rabat a réussi à convaincre plusieurs puissances mondiales de soutenir son initiative d’autonomie, jugée comme une solution réaliste et durable. La France, les États-Unis, l’Allemagne, l’Espagne, Israël et de nombreux pays africains et américains ont déjà franchi ce cap.
Pour le Maroc, une reconnaissance explicite de la Russie représenterait un succès diplomatique majeur et un véritable « échec et mat » pour l’Algérie. Cette dernière, qui soutient depuis toujours le Polisario, verrait son isolement diplomatique s’accentuer.
La prudence historique de Moscou
Jusqu’à présent, la Russie a adopté une position mesurée sur la question du Sahara. Si elle ne s’est jamais opposée directement aux efforts du Maroc dans le cadre du processus politique sous l’égide de l’ONU, elle s’est également abstenue de voter pour les résolutions soutenant les propositions marocaines. Moscou a souvent privilégié un discours neutre, visant à maintenir de bonnes relations avec le Maroc tout en préservant ses intérêts stratégiques avec l’Algérie, son allié historique.
Cependant, les récents propos de Sergueï Lavrov pourraient signaler une évolution de cette approche. En réaffirmant l’importance de rechercher une solution pragmatique et acceptable pour toutes les parties, Moscou pourrait se rapprocher des positions défendues par Rabat.
Un coup dur pour l’Algérie ?
Si la Russie décide de reconnaître officiellement l’autonomie du Maroc sur le Sahara, cela renforcerait considérablement la position de Rabat sur la scène internationale. L’Algérie, déjà mise à mal par les nombreux soutiens obtenus par le Maroc ces dernières années, se retrouverait dans une situation encore plus délicate. Une telle reconnaissance de Moscou pourrait marquer un tournant dans le dossier du Sahara et précipiter l’échec des stratégies algériennes visant à contrecarrer les avancées marocaines.
La déclaration de Sergueï Lavrov ouvre la voie à de nombreuses spéculations. Si la Russie décide de franchir le pas et de reconnaître officiellement la souveraineté du Maroc sur son Sahara, cela représenterait une victoire diplomatique majeure pour Rabat et une nouvelle défaite pour Alger. Dans un contexte international marqué par des reconfigurations géopolitiques, le dossier du Sahara pourrait bien connaître un nouveau chapitre décisif.