La communauté du transport international de marchandises est en alerte suite à la disparition de quatre chauffeurs marocains et de leurs trois camions, survenue entre Dori, au Burkina Faso, et Téra, au Niger. Cette zone, tristement réputée pour son insécurité chronique, est le théâtre d’activités terroristes et criminelles qui menacent les transporteurs.
Les chauffeurs avaient terminé leur trajet à Dori avant de disparaître dans les premières heures de samedi matin. Selon des sources locales, des rumeurs évoquent l’implication possible de membres de Boko Haram dans cet incident, bien que cela n’ait pas encore été confirmé. « Ces quatre chauffeurs sont introuvables, et des rumeurs inquiétantes circulent sur leur enlèvement », a déclaré El Charki El Hamchi, secrétaire général de l’Union générale des professionnels du transport national et international.
L’ambassade du Royaume du Maroc au Burkina Faso a immédiatement réagi en coordonnant avec les autorités burkinabées, qui ont lancé des recherches pour localiser les disparus. Les premières investigations révèlent que les chauffeurs auraient emprunté une route particulièrement dangereuse sans escorte militaire, une pratique pourtant essentielle pour circuler dans cette région.
La zone entre Dori et Téra est régulièrement ciblée par des groupes armés et terroristes, notamment le « Groupe de l’État islamique dans le Grand Sahara ». Cette région a été le théâtre d’attaques meurtrières, comme celle du 11 janvier à Sitenga, où 18 militaires et plusieurs civils ont perdu la vie. En décembre 2024, 21 civils ont également été tués lors d’une attaque à Téra, reflétant une insécurité grandissante. Malgré cette instabilité, certains chauffeurs continuent de circuler sur ces axes sans protection adéquate, au mépris des protocoles de sécurité.
Face à cette disparition, l’Union générale des professionnels du transport a lancé un appel urgent aux autorités marocaines et burkinabées pour retrouver les chauffeurs disparus et leurs véhicules. L’organisation insiste également sur la nécessité de renforcer les mesures de sécurité pour éviter de telles tragédies à l’avenir. Par ailleurs, des sources diplomatiques ont rappelé l’importance pour les transporteurs de voyager uniquement en convois protégés par l’armée, une exigence devenue vitale dans cette région.
Le nord-est du Burkina Faso et l’ouest du Niger font face à une intensification des violences, qui pousse des milliers de civils à fuir leurs foyers. En 2022, une attaque à Sitenga a causé la mort de 86 personnes et déplacé plus de 26 000 habitants. Cette instabilité affecte également les activités commerciales et le transport, mettant en lumière les défis sécuritaires majeurs dans cette région du Sahel.
La disparition des chauffeurs marocains est un rappel tragique des risques encourus par les transporteurs opérant dans ces zones instables. Les efforts pour les localiser et garantir la sécurité des convois doivent être intensifiés, alors que la région reste sous la menace constante des groupes armés.
Par Salma Semmar