L’affaire de corruption qui secoue la ville de Fès connaît un nouveau tournant. Sara Khaddar, élue communale et membre du Conseil de la ville de Fès, a été extradée par les Émirats arabes unis vers le Maroc après son arrestation à l’aéroport de Dubaï. Son nom est cité dans une vaste affaire de détournement de marchés publics impliquant l’ancien parlementaire Abdelkader El Boussiri, déjà condamné à huit ans de prison ferme.
Une arrestation suite à un mandat international
Sara Khaddar a été arrêtée par la police des frontières émiratie alors qu’elle transitait par Dubaï en provenance de la Turquie. Elle faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international, émis à la demande de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) du Maroc. Son nom était inscrit sur la base de données d’Interpol.
Après son extradition, elle a atterri à l’aéroport Mohammed V, où elle a été immédiatement prise en charge par la BNPJ et placée en détention provisoire. Elle sera interrogée dans le cadre d’une vaste enquête sur la corruption et l’attribution frauduleuse de marchés publics à Fès.
Une fuite qui a nécessité une intervention internationale
L’élue, également vice-présidente de l’arrondissement de Saïs à Fès, avait été convoquée par la Brigade régionale de la police judiciaire dans le cadre de l’affaire El Boussiri. Toutefois, elle ne s’était pas présentée. En conséquence, le procureur général du roi avait prononcé, le 6 octobre 2023, une interdiction de sortie du territoire.
Cependant, Sara Khaddar a réussi à quitter le Maroc la veille de l’entrée en vigueur de cette interdiction, se rendant en Turquie, avant d’être finalement arrêtée aux Émirats arabes unis et extradée vers le Maroc.
Un rôle clé dans un vaste réseau de corruption
Selon plusieurs sources, Sara Khaddar était un maillon essentiel dans le système de corruption mis en place par Abdelkader El Boussiri et d’autres responsables de la ville de Fès.
Son rôle consistait à faciliter l’obtention de marchés publics pour certains entrepreneurs, en contournant les règles des appels d’offres et des bons de commande émis par la commune. En échange, une commission de 10% du montant total du marché était exigée, versée sous forme de pots-de-vin.
En plus de ce rôle d’intermédiaire, elle était considérée comme « la boîte noire » de l’ancien parlementaire El Boussiri, aujourd’hui en prison. Ce dernier sélectionnait personnellement les entreprises bénéficiant des marchés publics, en collaboration avec certains hauts responsables de la ville.
Une relation intime avec El Boussiri
Durant son interrogatoire, Abdelkader El Boussiri a révélé aux enquêteurs qu’il entretenait une relation intime avec Sara Khaddar. Il lui aurait offert un local commercial sur la route d’Aïn Chkef, afin qu’elle puisse y vendre des tissus et des vêtements importés de Turquie, pour une valeur de 200 000 dirhams.
Il a également admis que l’élue était intervenue plusieurs fois en faveur de proches pour leur permettre d’obtenir des bons de commande auprès de la commune, contournant ainsi les procédures administratives classiques.
Vers une nouvelle vague d’arrestations ?
L’arrestation et l’extradition de Sara Khaddar pourraient marquer un tournant dans cette affaire de corruption à grande échelle. Les enquêteurs cherchent désormais à identifier d’autres complices impliqués dans ces manœuvres frauduleuses qui ont gravement nui à la gestion des fonds publics à Fès.
Cette affaire met en lumière l’ampleur de la corruption dans certaines administrations locales et pourrait entraîner de nouvelles interpellations dans les prochains jours.