L’île grecque de Santorin et sa voisine Amorgos ont été secouées dans la nuit du 10 au 11 février 2025 par plusieurs séismes, dont un de magnitude 5,3, selon l’Institut géodynamique de l’Observatoire d’Athènes. Il s’agit du plus puissant séisme enregistré depuis le début de cette activité sismique anormale qui frappe l’archipel des Cyclades depuis le 26 janvier dernier.
Une activité sismique d’une fréquence inhabituelle
Depuis le début de la crise, plus de 12 800 séismes ont été recensés dans la région, avec des magnitudes oscillant entre 3 et 5. Un phénomène que les experts peinent encore à expliquer.
D’après Frédérique Leclerc, chercheuse à Géoazur, la situation reste stable depuis dix jours, sans amplification ni diminution de l’intensité des séismes. Cependant, la fréquence des secousses intrigue les scientifiques. « Il y en a parfois tous les quarts d’heure ! », souligne Florent Brenguier, physicien d’observatoire au laboratoire ISTerre (Université Grenoble-Alpes, CNRS).
Habituellement, lorsqu’un séisme tectonique majeur survient, il est suivi de répliques d’intensité décroissante. Mais dans ce cas, le schéma observé est différent, laissant penser que d’autres phénomènes sont en jeu.
Un lien possible avec l’activité volcanique
Un autre élément troublant a été détecté grâce aux stations GPS installées sur l’île de Santorin. Depuis septembre 2024, un déplacement de 3 à 5 cm a été enregistré, suggérant un gonflement du volcan sous-marin situé sous l’île. Ce phénomène pourrait indiquer des transferts de magma en profondeur, ce qui renforcerait l’hypothèse d’une intrusion magmatique.
Pierre Briole, chercheur au département Géosciences de l’ENS, explique que cette activité pourrait être liée à la formation d’un dike, c’est-à-dire une fissure où le magma s’infiltre et exerce une pression sur les roches environnantes, provoquant ainsi des séismes répétés.
Des recherches en cours pour comprendre la situation
Face à cette activité inhabituelle, les chercheurs insistent sur la nécessité de déployer davantage d’instruments de mesure pour confirmer les hypothèses en cours. Si cette crise sismique est bien d’origine magmatique, elle pourrait annoncer une future éruption volcanique sous-marine, bien que rien ne soit certain à ce stade.
L’archipel de Santorin, marqué par une histoire volcanique intense, reste sous surveillance. Les scientifiques appellent à la prudence et continuent d’analyser la situation pour anticiper toute évolution significative de l’activité sismique.
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