La polémique autour des exportations de tomates marocaines vers l’Europe continue d’animer les débats, notamment en France, où certains agriculteurs et la ministre française de l’Agriculture, Annie Genevard, accusent le Maroc de ne pas respecter la saisonnalité des accords commerciaux conclus il y a 25 ans.
Face à ces critiques, Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER), prend la parole et défend les producteurs marocains. Dans une interview accordée à franceinfo en marge du Salon international de l’agriculture, il rappelle que rien dans l’accord n’empêche l’exportation des tomates marocaines.
« À ma connaissance, il n’y a pas de saisonnalité dans l’accord. Il prévoit qu’au-delà d’un certain tonnage, des droits de douane s’appliquent, comme pour n’importe quel pays. Rien ne bloque nos exportations de tomates, tout comme rien ne bloque nos importations de blé français toute l’année », explique-t-il.
Un appel à plus d’échanges agricoles
Selon les chiffres avancés, le Maroc exporte près de 150 000 tonnes de tomates cerises par an vers l’Europe depuis 2018, alors que l’accord initial portait surtout sur la tomate classique. Rachid Benali reconnaît une augmentation significative des exportations, mais rappelle que les échanges agricoles entre les deux pays sont bien plus vastes.
« Nous avons doublé et même triplé nos exportations de tomates cerises, mais c’est aussi le cas des importations de blé. Le Maroc continue d’être un gros importateur de produits agricoles français, notamment en raison des défis liés au changement climatique », souligne-t-il.
Pas de renégociation des accords
Malgré les tensions et les pressions exercées par certains syndicats agricoles français, notamment la Coordination rurale, Rachid Benali écarte toute renégociation des accords entre le Maroc et la France.
« Il n’est pas question de modifier l’accord. Le comité franco-marocain qui réunit les filières agricoles va se réunir pour affiner les échanges et les procédures habituelles, mais aucune renégociation n’est prévue. »
Le Maroc tend la main aux agriculteurs français
Plutôt que de s’opposer aux exportations marocaines, Benali invite les agriculteurs français à venir investir au Maroc, où des opportunités importantes existent.
« Je vois l’avenir en rose. Nous devons transformer le changement climatique en opportunité. La France a un potentiel énorme dans la production de blé, de lait et de viande, et nous pouvons travailler ensemble. C’est ce que je dis aux agriculteurs français : venez investir au Maroc, collaborons et partageons nos savoir-faire. »
Cette déclaration illustre une volonté d’apaisement et de coopération économique, plutôt qu’un affrontement entre deux partenaires agricoles historiques. Reste à voir si cet appel sera entendu en France, où la question des importations marocaines continue de diviser le monde agricole.
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