Une nouvelle tempête secoue le Parlement européen, déjà marqué par le retentissant Qatargate. Ce jeudi, des opérations d’envergure ont été menées en Belgique et au Portugal, où des perquisitions ont conduit à plusieurs arrestations dans le cadre d’une enquête sur des pratiques de corruption savamment orchestrées sous le masque du lobbying commercial. Ce scandale, qui rappelle les dérives passées, met une fois de plus en lumière les failles éthiques de l’institution européenne.
L’enquête, qui remonte à des agissements initiés en 2021, s’intéresse à des lobbyistes affiliés au géant chinois des télécommunications Huawei. Selon des informations relayées par plusieurs médias belges, ces derniers auraient tenté d’influer sur des décisions politiques au sein du Parlement européen en échange de contreparties occultes, prenant la forme de présents luxueux et d’avantages divers. Près de 100 agents de la police fédérale belge, appuyés par les autorités portugaises, ont effectué une vingtaine de perquisitions, ciblant notamment une société soupçonnée d’avoir orchestré des transferts financiers douteux vers des eurodéputés. Le parquet fédéral belge a confirmé que des « bénéfices matériels » ont été dissimulés à travers des paiements liés à des conférences et versés à des intermédiaires.
Les pratiques incriminées, qui se seraient déroulées de manière discrète mais régulière entre 2021 et 2024, incluaient des rémunérations pour orienter des prises de position politiques, ainsi que des gratifications telles que des dîners fastueux, des voyages à l’étranger ou des billets pour des événements sportifs de prestige. Ces gestes visaient à promouvoir des intérêts commerciaux privés, notamment dans le cadre de décisions stratégiques du Parlement. Au centre de l’affaire, un ancien assistant parlementaire, aujourd’hui responsable des affaires publiques pour Huawei à Bruxelles, fait partie des personnes interrogées, aux côtés de plusieurs lobbyistes interpellés. Une quinzaine d’eurodéputés seraient également dans le collimateur des enquêteurs, bien qu’aucun n’ait été arrêté lors des opérations de ce jeudi.
Face à ce scandale, le Parlement européen a assuré, par la voix d’une porte-parole, qu’il collaborait pleinement avec les autorités judiciaires tout en « prenant acte » de l’enquête. Cependant, cette affaire ravive les inquiétudes sur la capacité de l’institution à se prémunir contre la corruption. Daniel Freund, eurodéputé écologiste, a appelé à la mise en place d’un « mécanisme indépendant de contrôle des manquements éthiques » pour redonner confiance aux citoyens. « La corruption doit être sévèrement sanctionnée, et l’Union européenne ne peut pas continuer à être un terrain vulnérable pour ces pratiques », a-t-il martelé.
À peine deux ans après le Qatargate, ce nouveau scandale met en exergue les lacunes persistantes dans la gouvernance éthique du Parlement européen. Alors que les appels à une réforme en profondeur se multiplient, l’institution se trouve à un tournant décisif pour restaurer sa crédibilité et garantir une transparence irréprochable dans ses processus décisionnels.
Par Salma Semmar
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