Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) constituent un levier fondamental du développement économique du Royaume. Leur impact va bien au-delà du simple apport financier, s’inscrivant dans une dynamique de renforcement des investissements, du transfert de compétences et de la consolidation des relations économiques transnationales. Toutefois, face aux évolutions des flux migratoires et aux transformations économiques globales, il devient crucial d’adopter une approche plus durable et inclusive pour maximiser leur contribution.
Une manne financière essentielle mais à optimiser
Les transferts de fonds des MRE sont une source primordiale de devises pour le Maroc. En 2024, ces envois ont atteint un niveau record de 117,7 milliards de dirhams, représentant environ 7,7 % du PIB national. Ces fonds dépassent même les investissements directs étrangers et jouent un rôle clé dans la stabilité de la balance des paiements.
Toutefois, l’orientation actuelle de ces fonds vers des secteurs comme l’immobilier et la consommation limite leur potentiel de création de valeur ajoutée à long terme. Certaines régions, comme Souss-Massa ou Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, qui s’appuient sur l’agroalimentaire et l’industrie manufacturière, bénéficieraient davantage d’une diversification des investissements des MRE vers des secteurs stratégiques comme les énergies renouvelables, les technologies de l’information et l’agriculture durable.
Vers un investissement plus productif et structuré
Pour transformer ces flux en moteur de croissance durable, le Maroc doit encourager l’investissement productif des MRE en mettant en place des dispositifs adaptés :
- Création de fonds d’investissement dédiés, assortis d’incitations fiscales et d’un accompagnement personnalisé.
- Mise en place de partenariats public-privé, afin de faciliter l’accès aux financements et d’assurer une gestion optimale des capitaux.
- Organisation de forums économiques et plateformes numériques, favorisant l’émergence de réseaux d’affaires transnationaux et le renforcement des échanges commerciaux avec les pays d’accueil des MRE.
Le transfert de compétences : un atout stratégique
Au-delà des transferts financiers, les compétences des MRE constituent un réservoir de savoir-faire précieux pour le développement du Royaume. De nombreux Marocains exercent des fonctions stratégiques à l’international, notamment dans les domaines de la finance, des sciences, de l’ingénierie et des nouvelles technologies.
Encourager le retour temporaire ou définitif de ces talents via des collaborations avec les universités et entreprises locales permettrait de stimuler l’innovation et d’accélérer la transformation économique. Casablanca, Rabat et Fès, dotées de pôles universitaires et de centres de recherche performants, pourraient particulièrement bénéficier d’une telle initiative.
L’entrepreneuriat social, un levier de développement territorial
L’intégration de la diaspora dans des projets d’entrepreneuriat social peut répondre efficacement aux défis locaux en matière d’éducation, de santé et d’environnement. Des dispositifs de financement participatif et la création d’incubateurs spécialisés aideraient à structurer ces initiatives, favorisant ainsi un modèle économique inclusif et durable.
Moderniser les infrastructures financières
L’optimisation des transferts financiers passe également par la modernisation des services bancaires. Réduire les coûts de transaction, faciliter l’accès aux services numériques et développer des solutions de paiement adaptées aux MRE permettraient d’améliorer la gestion des flux financiers et d’encourager une meilleure intégration de ces capitaux dans l’économie nationale.
Une participation active aux politiques publiques
L’implication des MRE dans les instances décisionnelles marocaines est une nécessité pour aligner leurs attentes avec les stratégies de développement national. Une meilleure représentativité, via des partenariats avec les collectivités locales et les associations de la diaspora, favoriserait une gouvernance plus inclusive et efficace.
Alors que les transferts des MRE constituent un pilier essentiel du développement marocain, il est impératif de repenser leur gestion pour en maximiser l’impact. En diversifiant les investissements, en facilitant le retour des talents, en soutenant l’entrepreneuriat social et en modernisant les infrastructures financières, le Maroc pourra transformer cette ressource en un véritable levier de croissance durable. Une stratégie proactive et structurée permettrait ainsi d’assurer un développement économique résilient, tout en consolidant le lien indéfectible entre le Royaume et sa diaspora
A mon humble avis la question lancinante des investissements productifs des MRE doit être traitée de manière moderne et innovante. Par exemple, en créant des produits bancaires et financiers originaux et dédiés en faveur des MRE comme d’ailleurs du citoyen lambda l’incitant à orienter son épargne vers les secteurs productifs en minimisant les risques d’une épargne chèrement acquise par le MRE. Actuellement, les risques sont encore perçus comme étant trop élevés par rapport aux bénéfices à tirer des investissements productifs. En plus du manque d’information et de formation financière que suppose l’investissement productif. Il y a nécessité d’un changement de paradigmes sinon dans dix ans on en parlera encore comme on en parlait aussi il y a plusieurs décennies auparavant.