La répression continue de frapper ceux qui osent s’exprimer en dehors de la ligne imposée par le pouvoir algérien. Dernière victime en date : Boualem Sansal, écrivain franco-algérien de renom, condamné ce jeudi à cinq années de prison ferme et à une amende de 500 000 dinars (environ 3 500 euros) par le tribunal correctionnel de Dar El Beïda, près d’Alger.
L’auteur de 80 ans, salué à l’international pour ses prises de position et ses œuvres percutantes, a été poursuivi pour « atteinte à l’intégrité du territoire national ». Son « crime » ? Avoir évoqué, lors d’un entretien avec un média français, une réalité historique documentée : celle d’un territoire marocain annexé par l’Algérie pendant la période coloniale.
Le parquet avait initialement requis dix ans de prison, montrant ainsi la sévérité d’un système judiciaire instrumentalisé pour faire taire toute voix dissonante. L’avocat français de Sansal a immédiatement appelé le président Abdelmadjid Tebboune à faire preuve de « clémence et d’humanité », en vain jusqu’à présent.
Cette condamnation, lourde de symboles, intervient dans un climat diplomatique tendu entre Alger et Paris, exacerbé par la position assumée du président Emmanuel Macron en faveur de la souveraineté du Maroc sur ses territoires. Un soutien qui a provoqué la colère d’Alger, fidèle alliée du Front Polisario, qu’elle continue d’abriter et d’armer à Tindouf.
Si certains analystes voient dans la peine infligée à Sansal un geste politique qui pourrait être adouci par une grâce présidentielle, cela ne fait que souligner la duplicité du régime algérien, prêt à manipuler la justice pour imposer le silence.
Plus préoccupant encore est le silence assourdissant des grandes organisations internationales, restées muettes face à l’emprisonnement arbitraire d’un écrivain octogénaire, incarcéré depuis mi-novembre 2024, pour avoir simplement exprimé une vérité que le pouvoir refuse d’entendre.
En Algérie, exprimer une opinion devient un acte de bravoure, et chaque mot prononcé contre le régime peut coûter la liberté, l’honneur et la vie sociale. Boualem Sansal rejoint ainsi la longue liste de penseurs, militants et journalistes sacrifiés sur l’autel d’un pouvoir autoritaire, incapable de tolérer la moindre remise en question.
Salma Semmar