Le spectre d’une guerre commerciale généralisée refait surface. Ce lundi, les marchés financiers mondiaux ont vacillé sous l’effet d’une nouvelle escalade protectionniste enclenchée par le président américain Donald Trump. L’annonce d’une série de droits de douane réciproques entre les États-Unis et plusieurs partenaires commerciaux majeurs a provoqué un choc brutal sur les places boursières internationales, qui ont toutes ouvert en forte baisse.
Une onde de choc globale
L’Europe n’a pas été épargnée : le CAC 40 à Paris a chuté de près de 6 %, le DAX allemand de 7 %, et l’Eurostoxx 50 de 6 %, confirmant un climat de panique dominé par la peur d’un ralentissement économique mondial. Les investisseurs, échaudés par le manque de visibilité, ont adopté une posture de repli, cherchant avant tout à préserver leurs portefeuilles.
Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international, a exprimé son inquiétude, appelant les grandes puissances à privilégier le dialogue. Selon elle, cette nouvelle vague de mesures protectionnistes menace gravement les perspectives de croissance mondiale déjà fragilisées par les tensions géopolitiques.
Casablanca à contre-courant, mais pas immunisée
Au Maroc, la Bourse de Casablanca, qui avait montré une certaine résistance les jours précédents, n’a pas résisté à la tempête. À l’ouverture, l’indice MASI a reculé de plus de 3 %, tombant à 16.544 points. Les échanges ont été marqués par une nervosité palpable, dans un volume approchant les 80 millions de dirhams.
L’exposition des investisseurs marocains aux signaux extérieurs, notamment européens et américains, explique en partie cette réaction rapide. La place casablancaise, bien que moins volatile que d’autres marchés émergents, reste étroitement connectée aux dynamiques globales à travers les secteurs de la finance, de l’énergie et de l’industrie.
Les matières premières dévissent, le pétrole en chute libre
Le marché des matières premières a lui aussi été emporté. Le baril de Brent est passé sous la barre des 63 dollars, enregistrant une baisse de plus de 4 %. Le WTI américain a plongé à 59,18 dollars. Cette chute des prix, alimentée par les craintes de contraction de la demande mondiale, accentue la pression sur les pays exportateurs et alimente l’instabilité des marchés.
Trump, un catalyseur d’instabilité et de réalignement économique ?
Les investisseurs attendent désormais l’ouverture de Wall Street, qui devrait accentuer la tendance baissière. L’orientation protectionniste de l’administration Trump, remise au goût du jour avec vigueur, annonce une ère économique dominée par la logique du « chacun pour soi », remettant en question les chaînes de valeur mondiales et les accords commerciaux multilatéraux.
Impact sur l’économie marocaine : vigilance et adaptation
Pour l’économie marocaine, cette conjoncture internationale difficile impose une double vigilance. D’une part, la Bourse de Casablanca, bien que modérément exposée, reste vulnérable aux retournements mondiaux. D’autre part, les perspectives d’exportation, notamment vers l’Europe et l’Amérique du Nord, pourraient se heurter à de nouvelles barrières tarifaires si le climat protectionniste s’aggrave.
Dans ce contexte, le Maroc devra accélérer sa transition vers une économie plus résiliente, diversifiée et tournée vers l’Afrique et les marchés émergents. Le tissu industriel, encore dépendant de partenaires traditionnels, gagnerait à explorer des alternatives sud-sud, tandis que la Bourse de Casablanca pourrait consolider son rôle régional en attirant davantage d’investissements institutionnels africains et moyen-orientaux.
Si le retour de Donald Trump sur la scène économique mondiale introduit une dynamique de rupture, le Maroc doit y répondre avec une stratégie de consolidation interne et d’ouverture intelligente sur les nouvelles zones de croissance.
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