Dans sa dernière intervention devant le Conseil de sécurité, Staffan de Mistura, envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara marocain, a mis en lumière les difficultés financières et logistiques que traverse la MINURSO, la mission onusienne chargée du maintien du cessez-le-feu dans la région. Ces propos, livrés lors d’une session à huis clos, interviennent dans un contexte marqué par une remise en question croissante de la pertinence et de l’efficacité de la mission.
La MINURSO, créée en 1991 pour organiser un référendum désormais abandonné, fait aujourd’hui face à une érosion de son utilité stratégique. En cause : l’émergence du plan d’autonomie marocain, soutenu par un nombre croissant de pays, et la volonté de rationalisation budgétaire portée par l’administration américaine actuelle dirigée par Donald Trump.
Selon Mohamed Amrani Boukhobza, professeur de relations internationales, les États-Unis, qui assurent 27 % du financement des opérations de maintien de la paix, revoient à la baisse leur contribution à des missions jugées inefficaces. Il estime que cette pression budgétaire, couplée au désengagement international progressif envers le référendum initialement prévu, pourrait conduire à la réduction ou la transformation de la MINURSO.
Mohamed Boubouch, universitaire à l’Université Mohammed Ier, souligne pour sa part l’échec manifeste de la mission depuis plus de trois décennies, ainsi que son glissement vers un rôle essentiellement symbolique, incapable d’apaiser les tensions ou d’offrir des solutions concrètes. Il déplore également la baisse du nombre de personnels et les conséquences de la crise humanitaire dans les camps de Tindouf.
Alors que le Conseil de sécurité a prolongé le mandat de la MINURSO jusqu’en octobre 2025, plusieurs signaux, notamment les propos de De Mistura et les contraintes budgétaires américaines, laissent entrevoir un possible redimensionnement, voire une fin prochaine de la mission.