Les relations entre l’Algérie et le Mali traversent une période de tensions sans précédent, marquée par des décisions drastiques, des accusations publiques et un climat de défiance mutuelle. L’élément déclencheur ? L’interdiction mutuelle de l’espace aérien entre les deux pays, dans un contexte d’accusations d’ingérence politique et de soutien présumé au terrorisme.
Tout a commencé avec la décision d’Alger de fermer son espace aérien aux avions maliens, accusant l’armée de Bamako de « violations répétées », dont l’incursion présumée d’un drone malien dans le ciel algérien. Le Mali a rapidement réagi, niant l’intrusion et affirmant que le drone avait été abattu sur son propre territoire, non loin de la frontière. En représailles, les autorités maliennes ont également fermé leur espace aérien aux appareils civils et militaires algériens.
La tension s’est exacerbée avec une déclaration du ministère des Transports malien accusant l’Algérie de soutenir le « terrorisme international », sans pour autant nommer les groupes concernés. Une déclaration lourde de conséquences dans une région déjà en proie à l’instabilité. Dans le même temps, des informations relayées par des médias africains indiquent qu’un groupe d’opposants maliens prévoit de se rendre à Alger le 25 avril prochain, afin de solliciter un appui politique de la part des autorités algériennes. Une démarche perçue comme une ingérence directe dans les affaires internes du Mali.
Cette crise bilatérale s’ajoute à une série de différends que l’Algérie entretient avec d’autres voisins. Avec le Maroc, les relations sont rompues depuis 2021. Avec la Tunisie, l’ambiguïté de la posture algérienne sur plusieurs dossiers stratégiques a refroidi les rapports. En Libye et au Niger, la méfiance règne également.
Ces tensions à répétition traduisent l’échec de la diplomatie algérienne, prisonnière d’une gouvernance rigide, d’un appareil sécuritaire omniprésent et d’une vision géopolitique dépassée. Loin de jouer le rôle de puissance stabilisatrice régionale, l’Algérie semble désormais isolée, confrontée aux conséquences d’un isolement diplomatique qu’elle alimente elle-même.
Salma Semmar