Enquêtes, rapports, témoignages accablants et documentaires à la télévision… les preuves de la culpabilité du prêtre français, fondateur de la communauté de la charité Emmaüs, concernant des abus sexuels sur des femmes et des mineurs continuent de s’amonceler bien après sa mort. Ce, sur fond de mutisme du Vatican et de discussions dans les pays où il a sévi durant de nombreuses années. Parmi ces pays figure le Maroc, où il avait établi une antenne et où il se rendait pour son travail et ses plaisirs de prédateur, profitant de l’aura qu’il exerçait sur ceux qui l’approchaient.
Le vieil homme, bien qu’à un âge avancé, avait un goût assumé mais non déclaré pour les agressions sexuelles, n’importe où et n’importe quand, sur des femmes jeunes et moins jeunes parmi ses admiratrices, et contre les enfants qu’il trouvait sur son chemin. Pendant cinquante ans, la loi du silence imposée par sa puissance a constitué une chape de plomb pour sa perversité, car tout le monde savait que sa gentillesse n’était pas très « catholique » et que derrière sa façade d’homme bon se dissimulait l’ombre du vice et un appétit insatiable pour toutes les formes d’actes sexuels.
À travers plusieurs témoignages recueillis lors de tournages au Maroc d’émissions consacrées à ce scandale hors normes qui a secoué l’Église, l’on a pu apprendre les pires récits sur les sévices commis sur ses victimes : des femmes travaillant pour sa communauté de bienfaisance, mais également d’anciens bénéficiaires de la générosité d’Emmaüs, qui se sont souvenus de leurs rencontres, adolescents, avec cet homme pieux et calme d’apparence, mais qui pouvait se montrer violent pour arriver à ses fins. Les descriptions de ces viols et agressions sexuelles sans discernement et le mutisme choquant de la hiérarchie de l’Église catholique pour éviter le scandale continuent, depuis plusieurs mois, de faire la une des journaux, avec la certitude qu’aucun procès n’aura lieu en raison de la prescription des faits, selon le Vatican.
Par Jalil Nouri