Le Maroc a perdu, ce lundi matin, l’un de ses plus grands symboles de la chanson contemporaine. Mohamed Ali, voix mythique des années 1960, s’est éteint paisiblement, laissant derrière lui un répertoire riche, une empreinte indélébile dans l’histoire musicale nationale, et une génération d’artistes inspirés par sa trajectoire exceptionnelle.
Originaire de Marrakech, Mohamed Ali a très tôt été bercé par les voix légendaires de Sayed Darouich, Mohamed Abdelwahab, Oum Keltoum et Farid Al Atrache, qu’il chantait dès l’adolescence lors de fêtes de famille ou de mariages de quartier. C’est grâce à l’artiste Ahmed Zniber qu’il fera ses premiers pas à la radio comme choriste, tout en étudiant au Conservatoire de la place Pietri à Rabat, sous la direction du maître Abdelwahab Agoumi. Initié au luth par Ahmed El Bidaoui, il enregistre ses premières chansons sur des textes d’Ahmed Nadim, Tayeb El Alej, et Benbrahim, avant de se consacrer à la composition de ses propres titres emblématiques tels que « Hrouf Zine », « Khadouk Allia » ou l’inoubliable « Lamkhantar ».
Les funérailles, qui se sont déroulées ce lundi après-midi, furent profondément émouvantes. Artistes, intellectuels, anonymes et figures de la scène culturelle se sont rassemblés pour un dernier adieu. Parmi les présents, Abdelaati Amenna et Moulay Ahmed El Alaoui, présidents des syndicats de musiciens, ont salué la mémoire d’un homme discret, élégant, mais ô combien influent.
Mohamed Ali n’était pas seulement un chanteur à la voix rare, mêlant puissance et douceur, il était aussi un artisan de la chanson marocaine modernisée, aux côtés du regretté Tayeb El Alej, son ami de toujours.
Son dernier grand hommage, organisé il y a deux ans par Marsam Éditions sous la houlette de Rachid Chraibi, avait rassemblé une foule d’admirateurs, dans une ambiance à la fois chaleureuse et respectueuse. Aujourd’hui, c’est une page glorieuse de la musique marocaine qui se tourne, mais son héritage, lui, continue de vibrer dans les cœurs.