C’est une déclaration qui aurait pu passer inaperçue, n’était-elle pas sortie de la bouche du président d’extrême droite de la Seconde Chambre des Pays-Bas, Martin Bosma, lors d’un dîner officiel en présence de l’ambassadeur de France. Selon le quotidien néerlandais NRC, l’élu du Partij voor de Vrijheid (PVV) aurait proposé de scinder la Belgique, suggérant que la Flandre soit rattachée aux Pays-Bas tandis que la Wallonie reviendrait à la France.
L’idée, qui n’est pas nouvelle dans les cercles ultraconservateurs néerlandais, a suscité un certain malaise diplomatique et une vive stupeur parmi les convives, dont plusieurs députés et diplomates, selon les confidences de la chroniqueuse Petra de Koning. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ce fantasme de « Grands Pays-Bas » est évoqué au sein du PVV : Geert Wilders, chef de file du parti, a plusieurs fois exprimé son désir d’« annexion » de la Flandre.
Interrogé sur ses propos, Martin Bosma s’est retranché derrière un flou volontaire. Il a refusé de confirmer ou d’infirmer ses déclarations, se contentant de déclarer : « Lors de ce genre de soirée, on parle de politique et de choses qui pourraient éventuellement arriver, oui. » Une esquive qui laisse peu de doute sur la réalité des propos tenus.
Cette sortie controversée intervient alors que le débat identitaire et les tensions communautaires restent très vifs en Belgique. Si Bart De Wever, leader de la N-VA, a déjà évoqué à demi-mot la possibilité d’une « réunification historique » entre les deux royaumes, il avait aussitôt nuancé son propos : « Ce n’est pas le moment. »
Du côté francophone, l’idée d’un rattachement à la France n’est pas nouvelle non plus, bien qu’elle reste largement minoritaire. Mais voir cette hypothèse discutée ouvertement par un haut représentant parlementaire étranger soulève de lourdes questions sur le respect des souverainetés nationales.
Entre provocation diplomatique, tentative d’ingérence politique, et vision nostalgique d’un passé mythifié, les propos de Martin Bosma viennent raviver les tensions autour de l’avenir institutionnel de la Belgique. Une sortie de route, ou une stratégie assumée ? Dans un contexte européen déjà fragile, ce genre de discours risque fort de résonner bien au-delà des salons feutrés de La Haye.
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