Ce qui s’est produit et confirmé ce week-end lors du 9ᵉ congrès du Parti de la Justice et du Développement, PJD, trois initiales auxquelles il faudrait ajouter un S, comme Stagnation. Car voilà une formation condamnée à marcher encore à reculons, par cette victoire de son leader sortant, Abdelilah Benkirane, reconduit au volant.
Dépassant largement ses deux rivaux en récoltant 69 % des voix, le leader controversé est apparu lui-même peu enthousiaste devant son succès tellement il s’y attendait. En l’absence d’un Saad Eddine El Othmani, la voie lui était ouverte.
Il s’agit là d’une confirmation du glissement de ce parti vers sa base conservatrice incarnée par Benkirane, qui refuse toute réforme des structures du parti, tout changement dans la désignation de son chef, et forcément toute évolution idéologique vers la modernisation, l’ouverture et un accompagnement éclairé du développement du pays avec un changement de discours moins démagogique et moins opportuniste.
Aucune nouvelle figure jeune, oratrice et consensuelle n’a émergé au cours de ce congrès, qui a été animé par les cadors du parti l’ayant conduit à sa défaite cinglante lors des élections de 2021, dont deux — parmi eux un ancien ministre — ont affronté Benkirane dans sa course, qui le condamne à endurer une période non reluisante vouée à l’échec, aucun politiste ne misant sur un renouveau et sa résurrection.
Car les prochaines élections législatives de 2026 étaient bel et bien le seul enjeu de ce congrès pour replâtrer le PJD après qu’il se soit fissuré — certains diront explosé en plein vol — et se réconcilier avec un électorat qui s’était évaporé à cause du leader actuel. Mais la logique démocratique a voulu que ce soit lui qui soit choisi pour diriger de nouveau le parti islamiste, ce qui marque un retour en arrière et un mandat terne.
Par Jalil Nouri