Dans un geste diplomatique qui ne passe pas inaperçu, l’Égypte a refusé de participer à l’exercice militaire régional « Africa Peace 3 », prévu du 21 au 27 mai 2025 en Algérie. La raison ? La présence controversée du Front Polisario, considéré par plusieurs pays comme une organisation séparatiste à tendance terroriste. Cette décision du Caire, révélée par l’Observatoire Atlantique de la Défense et de l’Armement, marque un tournant dans la posture égyptienne vis-à-vis des dynamiques géopolitiques du Maghreb.
Selon des sources proches de la défense égyptienne, Le Caire a préféré se désolidariser d’un exercice organisé sous l’égide du Comité de défense de la région Afrique du Nord (NARC), un organe rattaché au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, auquel participent également l’Algérie, la Libye, la Mauritanie, la Tunisie et le Front Polisario. Or, en mai 2023, l’Égypte avait pourtant répondu présente à une réunion du NARC à Alger. Ce recul manifeste en 2025 illustre une évolution notable dans l’approche stratégique égyptienne.
Derrière cette absence, se cache une lecture plus fine des équilibres régionaux : au moment où Le Caire renforce ses liens économiques avec Rabat, il semble éviter toute forme de légitimation implicite du Polisario, ennemi juré du Maroc. Ce choix coïncide avec un réchauffement diplomatique et commercial significatif entre les deux pays. Après des frictions liées à des restrictions mutuelles sur les échanges de biens, notamment dans le secteur automobile, les deux capitales ont récemment trouvé un terrain d’entente, symbolisé par la mise en place d’un couloir « Fast Track » facilitant l’entrée des produits marocains en Égypte.
Le 4 mai, ce nouvel élan a été confirmé lors du Forum d’investissement et de commerce égypto-marocain au Caire, sous la houlette du secrétaire d’État marocain Omar Hejira. Autant d’éléments qui donnent un éclairage géo-économique à une décision militaire en apparence purement stratégique.
Dans un Maghreb plus polarisé que jamais, Le Caire semble opter pour un réalignement mesuré, préférant renforcer ses partenariats fiables plutôt que s’associer à des entités aux contours juridico-politiques incertains.