Et si l’avenir de la fonction publique passait par une révolution silencieuse, technologique, mais profondément salutaire ? Une révolution dont l’intelligence artificielle (IA) serait le moteur. Le moment est peut-être venu d’envisager sérieusement l’intégration d’une IA souveraine au cœur des rouages de l’administration publique marocaine — non pour remplacer l’humain, mais pour l’accompagner, le responsabiliser et redonner du sens à l’action publique.
Il suffit de visiter une administration quelconque pour se rendre compte d’un phénomène alarmant : des milliers de fonctionnaires qui se contentent de « pointer », puis disparaissent dans les couloirs, sans production réelle, sans objectif, parfois même sans poste défini. À cela s’ajoutent les « fonctionnaires fantômes », qui perçoivent des salaires sans jamais mettre les pieds dans leur lieu de travail.
Face à cette hémorragie de ressources et à la perte de contrôle sur le rendement réel des agents publics, l’intelligence artificielle pourrait jouer un rôle décisif. Imaginez une IA dédiée non seulement à l’évaluation quotidienne de la performance des fonctionnaires, mais également à la surveillance continue de leur assiduité, de leur productivité et du respect des missions confiées. Dotée d’indicateurs précis, elle serait capable de distinguer, de manière objective, ceux qui méritent d’être récompensés par une prime de performance, de ceux qui abusent du système ou se contentent d’être présents sans être utiles. Une IA placée à la tête des Ressources Humaines de chaque ministère, de chaque collectivité territoriale et de chaque établissement public, pour assurer une gestion équitable, transparente et centrée sur le service au citoyen.
Et pourquoi ne pas aller plus loin ? Lors des concours d’accès à la fonction publique, l’IA garantirait une transparence totale, en anonymisant les copies, en corrigeant les examens, en éliminant toute influence extérieure, toute « connaissance », tout « fils de tel ou tel ». C’est le mérite seul qui prévaudrait, et non les réseaux.
Bien entendu, l’intelligence artificielle ne vise pas à évincer l’humain, mais à l’accompagner vers une administration plus rigoureuse, plus juste et plus proche du citoyen. Sa mise en œuvre ne sera pas sans conséquences : il y aura des remises en question, des résistances, et inévitablement, des licenciements parmi ceux qui auront fait du dysfonctionnement la norme. Mais c’est le prix à payer pour reconstruire une fonction publique crédible, performante et au service exclusif de l’intérêt général.
Le Maroc, résolument tourné vers l’avenir numérique, ne peut plus se permettre de bâtir l’administration de demain avec les lenteurs, les privilèges et les défaillances d’hier.
L’intégration de l’intelligence artificielle dans la fonction publique soulève autant d’espoirs que de questionnements. Entre gain d’efficacité, moralisation de l’administration et risques humains, le débat mérite d’être ouvert, dépassionné, mais lucide. Et vous, chers lecteurs, que pensez-vous de cette révolution technologique au service de l’intérêt général ? Faut-il confier à l’IA le soin de surveiller, évaluer, et orienter notre administration ? Vos avis nous intéressent. Partagez-les en commentaire et enrichissons ensemble cette réflexion essentielle pour l’avenir du service public au Maroc.