Par leur plume affûtée et leur regard aiguisé sur la société, les écrivains marocains n’ont cessé, depuis plusieurs décennies, de façonner une image lumineuse et plurielle du Royaume, bien au-delà des clichés orientalistes. À travers romans, essais, récits de voyage ou encore chroniques engagées, ils ont contribué à projeter sur la scène internationale un Maroc authentique, moderne, et profondément enraciné dans une tradition d’ouverture.
Du Nord au Sud, de Casablanca à Fès, de Tétouan à Marrakech, les écrivains marocains ont accompagné les mutations profondes du pays : l’émergence de droits pour les femmes, les réformes constitutionnelles, les grandes réalisations en matière d’infrastructure, ou encore la dynamique culturelle et touristique qui réinvente les villes impériales. Grâce à leurs œuvres traduites dans de nombreuses langues, des figures comme Tahar Ben Jelloun, Fouad Laroui, Leïla Slimani, ou encore Abdellah Taïa ont offert aux lecteurs étrangers des clefs de compréhension du Maroc d’aujourd’hui, loin des idées préconçues.
Ils ont également été les relais d’un Maroc tolérant, où musulmans, juifs et chrétiens ont longtemps cohabité dans le respect mutuel. Cette coexistence pacifique, encore tangible à travers les quartiers historiques, les traditions partagées et les festivités interreligieuses, trouve un écho puissant dans les récits littéraires, souvent empreints d’humanisme et de dialogue.
Cependant, malgré ces efforts et ce rayonnement, certaines régions du monde, notamment en Asie et en Amérique latine, restent encore peu informées de la réalité marocaine contemporaine. Le Maroc y est souvent réduit à une carte postale exotique ou à des repères historiques figés. Dans ces zones, l’image d’un pays dynamique, réformateur et culturellement foisonnant peine à s’imposer, faute de relais médiatiques et culturels suffisamment structurés.
Dans un monde où le soft power devient un levier stratégique, les écrivains marocains jouent, et continueront à jouer, un rôle central dans la diplomatie culturelle du Royaume. À condition d’être accompagnés et promus davantage, ils pourraient ouvrir à leur pays de nouveaux horizons d’influence, d’échanges et de reconnaissance.
Dans un monde en quête de repères culturels et de récits authentiques, les écrivains marocains ont un rôle fondamental à jouer pour amplifier la voix de leur pays. En s’ouvrant davantage aux nouvelles plateformes de diffusion, en participant à des salons internationaux, en collaborant avec les institutions culturelles et les médias étrangers, ils peuvent faire rayonner un Maroc moderne, pluriel et résolument tourné vers l’avenir.
Pour aller plus loin, il serait essentiel de favoriser les traductions de leurs œuvres dans des langues moins courantes, d’encourager des résidences littéraires à l’étranger, et de tisser des ponts entre les écrivains et la diplomatie culturelle du Royaume. Car chaque livre est un ambassadeur silencieux, chaque mot un trait d’union entre les peuples, et chaque écrivain une passerelle vivante entre le Maroc et le monde.
Par Jalil Nouri