Le ministre de l’Éducation, Mohammed Saad Berrada, a fait part aux parlementaires de sa proposition judicieuse d’imposer un contrat liant les parents d’élèves et les établissements fréquentés afin de limiter les problèmes et frictions entre les deux parties, habituées à étaler leurs différends sur la place publique et à travers des plaintes, avec parfois des conséquences graves pour les parents d’élèves.
Le secteur de l’enseignement privé a, en effet, toujours souffert d’un manque de clarté dans ces relations, les uns comme les autres oubliant les droits et devoirs de l’autre.
La question de la grille tarifaire des études, étant également laissée unilatéralement à l’appréciation et l’estimation des propriétaires des établissements dans un marché ouvert à la concurrence et aux exagérations, reste majoritairement à l’origine des conflits soumis à l’arbitrage du ministère et devant la justice, et ne risque pas, elle, de trouver un début de solution. Pour le reste, l’idée d’un contrat ancrant ces relations pourrait s’avérer efficace pour apaiser les tensions et contrer les abus des responsables de l’enseignement privé, au risque de compromettre des scolarités.
Le ministre, qui signe ainsi sa première décision importante depuis le début de son mandat, aura-t-il suffisamment de pouvoirs et de patience pour faire respecter ces contrats par des parents de plus en plus exigeants et des opérateurs de l’enseignement privé se considérant au-dessus de la loi et connus pour exercer de tout temps, et avec plus ou moins d’acquis, un lobbying puissant auprès des centres de décision à Rabat, comme au Parlement où leur association a ses entrées ?
Il faudra attendre la rentrée prochaine pour voir comment vont s’organiser désormais ces relations et connaître le contenu-type du contrat annoncé par le ministre Berrada.
Mais d’ores et déjà, ce dernier en a annoncé certaines mesures phares comme l’encadrement des frais de scolarité, la non-expulsion d’élèves en cours de leurs études, et l’interdiction de refuser une réinscription, comme c’est souvent le cas à présent de manière arbitraire. Pour la première fois, un ministre de l’Éducation donne l’exemple après des années de laisser-aller, en décidant de taper sur la table et de s’attaquer aux origines du mal dans le système de l’enseignement privé, qui a permis à de nombreux propriétaires d’écoles de faire fortune dans le domaine de l’immobilier en profitant d’une législation pénalisant les familles livrées à leur sort.
Par Jalil Nouri