Le 21 mai 2025 marque un tournant potentiellement déstabilisant pour l’industrie marocaine de l’offshoring. Par un ultime vote du Sénat, le Parlement français a adopté une loi interdisant le démarchage téléphonique non sollicité à partir d’août 2026. Une décision lourde de conséquences pour le secteur marocain des centres d’appel, dont plus de 90 000 emplois dépendent encore en grande partie du marché français.
Bien que le “cold calling” ne représente aujourd’hui que 15 à 20 % de l’activité du secteur, la décision parisienne pourrait précipiter la fermeture de centres spécialisés, souvent peu diversifiés, avec un impact social direct et un risque accru de chômage à grande échelle. S’ajoute à cela une autre pression, plus silencieuse mais tout aussi menaçante : l’irruption accélérée de l’intelligence artificielle, qui redéfinit les standards de performance dans la relation client.
« C’est une double transition, réglementaire et technologique, qui s’annonce. Et pour le Maroc, le choc pourrait se traduire par des milliers de postes supprimés si aucune anticipation n’est mise en œuvre », alerte Youssef Chraïbi, président de la FMES.
En effet, dans un tissu composé à 94 % de petites structures peu préparées, ni l’IA ni la reconversion immédiate ne pourront compenser les pertes, faute d’investissements suffisants dans la formation et les infrastructures.
Face à cette conjoncture, les professionnels plaident pour une réponse nationale concertée : cartographie des risques, reconversion massive vers les métiers du digital, incitations fiscales à la modernisation technologique, et partenariats public-privé pour accompagner l’adaptation du secteur.
Le Maroc, longtemps leader de la relation client offshore, devra rapidement se réinventer ou subir, au risque de voir un pilier de son économie déstabilisé par deux forces puissantes : la loi et l’algorithme.