Un nouveau drame sur les routes marocaines vient de frapper le monde rural. Lundi après-midi, quatorze femmes travaillant dans le secteur agricole ont été violemment percutées dans un accident survenu dans la commune de Sbit Kourdan, dans la région d’Aït Melloul. En cause : l’explosion d’un pneu d’un véhicule de type « pick-up », qui transportait ces ouvrières dans des conditions manifestement non conformes à la législation sur le transport du personnel.
Selon le communiqué du parquet général près la Cour d’appel d’Agadir, l’éclatement de la roue a fait perdre le contrôle du véhicule au conducteur, lequel a violemment percuté une voiture arrivant en sens inverse. Le bilan est tragique : quatre femmes décédées, cinq grièvement blessées, et six autres personnes légèrement touchées, dont les deux conducteurs impliqués.
Le transport informel des ouvrières agricoles en question
Ce drame relance une fois de plus le débat sur les conditions inhumaines et dangereuses dans lesquelles sont transportées des milliers de femmes chaque jour dans les zones rurales du Maroc. Ces véhicules — souvent de fortune, surchargés et mal entretenus — ne répondent à aucune norme de sécurité et circulent dans une impunité quasi-totale.
Le recours au « pick-up » pour le transport collectif est non seulement une pratique illégale, mais surtout une menace directe à la vie humaine. Chaque année, ce mode de transport cause des dizaines de morts et de blessés, dans l’indifférence quasi générale, malgré les alertes répétées des associations de défense des droits des travailleurs et des ONG.
L’ouverture d’une enquête
Le parquet a ordonné l’ouverture d’une enquête approfondie pour déterminer les responsabilités, tant au niveau de la conduite que du respect des obligations légales en matière de transport du personnel. Il s’agira également d’examiner si les conditions de sécurité ont été respectées par l’employeur, et si les victimes étaient couvertes par une assurance ou un dispositif de protection minimale.
Une tragédie de trop
Ce drame est loin d’être un cas isolé. Il met une fois de plus en lumière la précarité extrême dans laquelle vivent et travaillent des milliers de femmes dans les campagnes marocaines, exploitées et mal protégées, à la merci d’un système de production agricole qui privilégie la rentabilité à la sécurité humaine.
Il est grand temps que les autorités passent de la simple réaction judiciaire à une réforme structurelle du transport rural, pour que plus jamais le trajet vers le travail ne devienne un aller sans retour.