La volte-face britannique sur le Sahara met l’Algérie en colère : un soutien au plan d’autonomie qui ne passe pas à Alger

Après les États-Unis, l’Espagne et la France, c’est au tour du Royaume-Uni de marquer un tournant majeur dans le dossier du Sahara, en exprimant son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc. Cette nouvelle position britannique a provoqué une vive réaction de la part de l’Algérie, qui exprime sa « colère » et son « profond désaccord » face à ce qu’elle considère comme un pas en arrière pour le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.

Dans un communiqué cinglant, le ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncé avec force cette adhésion britannique, estimant qu’en dix-huit ans d’existence, le plan marocain « n’a jamais été soumis aux Sahraouis comme base de négociation ». Alger va plus loin, affirmant que les Envoyés onusiens successifs auraient tous relevé « la vacuité de l’initiative marocaine d’autonomie et son inaptitude à offrir une solution sérieuse et crédible au conflit du Sahara Occidental ». Une déclaration qui contredit la perception d’un plan « sérieux et crédible » défendue par le Maroc et plusieurs capitales occidentales.

Aux yeux de la diplomatie algérienne, le plan d’autonomie marocain « n’a jamais eu pour vocation de servir de base de règlement politique à ce conflit ». Pour Alger, il s’agit plutôt d’une manœuvre visant à « occuper l’espace pour empêcher toute recherche d’un règlement sérieux, à permettre au Maroc de gagner du temps et à accoutumer progressivement et graduellement la communauté internationale au fait accompli de l’occupation illégale du Sahara Occidental ». Cette rhétorique reflète la frustration algérienne face à l’orientation que prend le dossier.

Cependant, Alger relève un point qu’elle juge crucial : « le Royaume-Uni n’a ni évoqué, ni apporté son soutien à la prétendue souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara Occidental et ne cautionne donc pas l’occupation illégale de ce territoire non-autonome au sens de la légalité internationale. » Le ministère algérien des Affaires étrangères souligne également que le secrétaire d’État britannique a « publiquement et solennellement » réaffirmé en conférence de presse « l’attachement du Royaume-Uni au principe du droit à l’autodétermination ». Pour Alger, cette distinction, bien que subtile, est essentielle et marque une limite au soutien britannique.

L’Algérie, qui se positionne comme un fervent défenseur du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et hôte du Front Polisario, voit dans ce soutien britannique une érosion progressive de la position internationale en faveur du référendum. Cette accumulation de soutiens occidentaux au plan d’autonomie marocain est perçue à Alger comme une pression croissante pour abandonner ses revendications historiques.

En conclusion, alors que l’Algérie, en sa qualité de membre permanent du Conseil de Sécurité, exprime le vœu que le Royaume-Uni « continuera de tenir le Maroc comptable de ses responsabilités internationales et qu’il continuera aussi de veiller au respect de la légalité internationale et en particulier la doctrine des Nations Unies en matière de décolonisation », ce message, bien que clair quant à la détermination d’Alger, semble ne pas infléchir la marche du Maroc.

Pour Rabat, chaque nouvelle adhésion au plan d’autonomie, notamment celle d’une puissance comme le Royaume-Uni, conforte la légitimité et le sérieux de sa proposition pour une résolution réaliste et durable du conflit. Le Maroc, fort du soutien croissant de la communauté internationale à son initiative d’autonomie — reconnue comme la seule base crédible par de nombreux pays influents — et de son droit inaliénable sur son territoire, continue d’avancer résolument. La multiplication des soutiens à son plan est perçue comme la reconnaissance de la justesse de sa cause et de l’efficacité de sa diplomatie, démontrant que la « caravane avance » inexorablement, malgré les voix dissidentes.