Vingt ans déjà. Et pourtant, pour souffler cette bougie symbolique, le festival Mawazine 2025 n’a pas réussi à raviver l’éclat de ses plus belles années. À l’exception notable d’un final grandiose signé El Grande Toto, premier rappeur marocain à se produire sur la scène internationale de prestige de l’OLM-Souissi devant une marée humaine estimée à 500 000 personnes, l’édition-anniversaire s’est révélée terne, mal ficelée et décevante.
Une programmation sous anesthésie
L’enthousiasme, habituellement palpable dans les semaines précédant le festival, s’est rapidement effrité face à une programmation modeste et peu inspirée, annoncée pour une grande part à la dernière minute. Certains noms, au succès largement dépassé, ont été engagés à la hâte, tandis que d’autres, quasi inconnus du grand public, ont simplement été ignorés. Le sentiment général ? Un manque cruel d’ambition et de cohérence, pour un événement qui se targue d’être l’un des plus grands festivals musicaux au monde.
Des artistes peu professionnels… et Sherine en tête de file
Autre ombre au tableau : le comportement déplacé de certaines têtes d’affiche arabes, dont l’attitude a frisé le mépris. Parmi elles, la chanteuse égyptienne Sherine, pourtant attendue avec ferveur par ses fans, a livré une prestation en playback, provoquant une vague de déception dans le public. Son comportement jugé hautain et désinvolte n’a fait qu’amplifier les critiques. De nombreux spectateurs, venus de loin pour l’applaudir, n’ont pas caché leur frustration face à ce qu’ils ont vécu comme un manque de respect artistique.
Une organisation chaotique, sauf à Souissi
Côté organisation, les ratés ont été nombreux, à commencer par les problèmes de sonorisation sur plusieurs scènes, à l’exception notable de l’OLM-Souissi. Le Théâtre Mohammed V, pourtant lieu emblématique, a connu des encombrements notoires, et le prix élevé des billets dans certains espaces a ajouté un goût amer à l’expérience du public. Seule la sécurité, comme à l’accoutumée, est restée au niveau attendu, évitant que la situation ne dérape davantage.
El Grande Toto, la lumière dans l’ombre
Heureusement, une lueur d’espoir est venue éclairer cette édition vacillante : le show d’El Grande Toto, ovationné pour sa prestance, sa justesse et sa capacité à rassembler toutes les générations. Familles entières, adolescents, parents, enfants… tous vibraient au rythme de ses textes, dans une communion rare. Une reconnaissance tardive, mais amplement méritée pour un artiste longtemps resté à l’écart de la grande scène de Mawazine.
Bilan mitigé
Pour les organisateurs, le bilan sera sans doute présenté comme globalement positif. Mais il aurait été malhonnête de passer sous silence les dysfonctionnements, les prestations controversées – dont celle de Sherine – et les choix contestables qui ont marqué cette édition pourtant symbolique. Reste une certitude : sans El Grande Toto, le festival aurait sombré dans l’oubli, au lieu de clore sur une note d’exception.