La course contre la montre continue pour retrouver des survivants, alors que le bilan s’alourdit d’heure en heure. Le travail acharné des secouristes a permis d’extraire une femme des décombres 52 heures après la première secousse.
Au total, vingt-trois millions de personnes sont « potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables », a averti l’Organisation mondiale de la santé (OMS). REUTERS/Suhaib Salem
Les autorités des deux pays ont rapporté que 9 057 personnes ont péri en Turquie et au moins 2 992 en Syrie, portant le bilan total à 11 716 morts. Le bilan devrait « grimper considérablement car des centaines de personnes restent piégées sous les décombres », selon les Casques blancs (volontaires de la protection civile) dans les zones rebelles syriennes. L’organisme public turc de gestion des catastrophes (Afad) a fait état de 49.133 personnes blessées, les autorités syriennes en rapportent près de 5 000.
Invité sur Franceinfo ce mercredi matin, l’ambassadeur de Turquie en France, Ali Onaner n’a pas caché son pessimisme quant au bilan : « Nous n’avons pas un nombre exact de disparus. Mais le nombre de morts risque d’augmenter. Nous avons identifié près de 6 000 immeubles effondrés. » En effet, l’Afad a évoqué 6.444 bâtiments détruits, mais plus de 11 000 pourraient être durablement endommagés.
Au total, vingt-trois millions de personnes sont « potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables », a averti l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Autre conséquence des secousses : un violent incendie s’est déclenché lundi dans le port d’Iskenderun, dans le sud de la Turquie près de la frontière syrienne. Les flammes continuaient à se propager ce mardi soir.
Les secours toujours à pied d’œuvre
Entre l’aide internationale qui afflue vers les zones sinistrées et la vaste mobilisation des secours turcs, les opérations de recherche se poursuivent, plus de 48 heures après la première secousse. Au total, plus de 96 000 volontaires s’affairent à venir en aide aux sinistrés, a communiqué l’Afad dans son bilan de 9h45 ce mercredi, alors que le mauvais temps et le froid compliquent leur tâche.
« Notre priorité est de pouvoir sauver le plus grand nombre de personnes. Ce n’est pas comme le séisme de 1999 où l’on pouvait espérer des miracles 5-6 jours après », a reconnu Ali Onaner.
Environ 5 300 secouristes sont arrivés de l’étranger, selon l’Afad. Une aide largement saluée par Ali Onaner : « La Turquie a des équipes de recherches très expérimentées, mais leur nombre ne suffit pas, c’est pour ça que nos partenaires nous ont envoyé des équipes. Nous sommes reconnaissants à la France pour avoir envoyé hier 73 militaires expérimentés dans les recherches. »
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé mercredi à la mi-journée sur Twitter qu’un « hôpital de campagne de sécurité civile » serait déployé sur zone, à la demande d’Emmanuel Macron. « Cet hôpital sera armé par 81 personnels issus des sapeurs-pompiers et des formations militaires de sécurité civile », a précisé le ministre.
Des rescapés retrouvés plus de deux jours après le séisme
Tôt ce mercredi matin, une femme a été retrouvée vivante à Kahramanmaras et secourue près de 52 heures après le séisme, témoigne la TRT. Elle a été transportée à l’hôpital par les secours. La veille, un petit garçon de 4 ans avait également été pris en charge par les secours dans la ville, selon le quotidien Cumhuriyet.
Quelques minutes plus tard, une autre femme a été extraite des ruines d’un immeuble toujours à Kahramanmaras, l’une des villes les plus proches de l’épicentre. Cumhuriyet rapporte également que quatre personnes, un garçon de 4 ans, une fille de 15 ans, une femme de 35 ans et un homme de 39 ans ont été secourus vivants et conscients à Hatay, 46 heures après le tremblement de terre.
De nombreux bébés ou jeunes enfants ont pu être sauvés. Parmi eux, à Kahramanmaras, un enfant d’un an et demi, secouru 56 heures après les secousses, en compagnie de sa mère. Selon TRT, elle a pu allaiter son bébé durant l’attente des secours, ce qui lui a permis de survivre.
À Jandairis, côté syrien, un nouveau-né a été sorti vivant des décombres. Cette petite fille était encore reliée par le cordon ombilical à sa mère, morte comme tous les autres membres de la famille.
Plus de 450 000 rescapés hébergés
Lors d’une nouvelle déclaration, le vice-président turc Fuat Oktay a indiqué mardi soir que 451 880 personnes étaient actuellement dans des hébergements provisoires déployés par les autorités. Plus de 50 000 tentes et 1,5 million de couvertures ont déjà été distribuées aux sinistrés.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan est actuellement en déplacement dans plusieurs villes sinistrées et a annoncé que des « maisons antisismiques » seraient construites dans les zones sinistrées « d’ici un an », cité par TRT.
Il avait décrété un deuil national de sept jours depuis lundi soir : « Notre drapeau sera hissé en berne jusqu’au coucher du soleil le dimanche 12 février 2023, dans toutes nos représentations nationales et étrangères », avait-il précisé sur Twitter. L’état d’urgence a également été déclenché dans les dix provinces touchées par le séisme « pour permettre de mener rapidement les travaux (de secours) », une mesure est en place pour trois mois.