Un nouveau scandale ébranle la gestion territoriale à Fès. La chambre des crimes financiers près la Cour d’appel de la ville a rendu, tard dans la nuit de mardi, son verdict dans le très attendu dossier des raccordements et autorisations de construction illégaux. Au cœur de l’affaire : le président de l’arrondissement Jnan El Ward, le commandant de l’annexe administrative Louayzat, des agents d’autorité, des ingénieurs et des fonctionnaires.
Rida Assal, président de l’arrondissement et membre du Rassemblement national des indépendants (RNI), a été condamné à deux ans de prison ferme, tandis que le commandant de l’annexe a écopé de 18 mois de prison assortis d’une amende de 20 000 dirhams. Trois auxiliaires d’autorité ont également été condamnés à un an de prison chacun, avec une amende de 5 000 dirhams.
Les accusations portées dans cette affaire sont lourdes : corruption, dilapidation de deniers publics, abus de pouvoir et falsification de documents officiels. Il leur est reproché d’avoir délivré illégalement des autorisations de construction et de raccordement électrique à des logements édifiés sans permis conforme.
Par ailleurs, quatre ingénieurs ont été condamnés à deux mois de prison ferme et à une amende de 2 000 dirhams chacun, tandis que le troisième adjoint au président et des fonctionnaires de l’ONEE ont été blanchis de toutes les charges.
L’affaire a éclaté après une plainte déposée par l’ex-wali de la région Fès-Meknès, Saïd Zniber, qui avait alerté la justice sur des pratiques douteuses détectées par les services de contrôle. Une enquête approfondie de la police judiciaire et une mission d’audit du Conseil régional des comptes ont confirmé l’existence d’irrégularités, notamment dans la gestion des permis de construire, des branchements électriques et des marchés publics liés à l’éclairage urbain.
Le juge d’instruction avait décidé de placer en détention provisoire plusieurs accusés, dont le président de l’arrondissement, des agents de l’autorité et un ex-responsable du service d’urbanisme, tandis que d’autres ont été poursuivis en liberté contre caution.
Enfin, le dossier de certains promoteurs immobiliers impliqués dans ces opérations douteuses a été transféré au tribunal de première instance, pour examen au titre des infractions.
Ce procès très médiatisé met une fois de plus en lumière les dérives de la gestion locale et souligne l’importance de renforcer les mécanismes de contrôle, de transparence et de redevabilité dans l’octroi des autorisations administratives.
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