Ils sont de plus en plus nombreux, ces jeunes Marocains, à tenter leur chance sur les plateformes de paris sportifs en ligne, espérant transformer quelques dirhams en petites fortunes. Parmi les noms qui reviennent souvent, celui de 1xBet, une application d’origine russe, qui fait fureur dans le Royaume. Certains parient 100 dirhams, d’autres misent des milliers, parfois à crédit, avec des gains aléatoires… ou des pertes cuisantes.
Face à l’ampleur de ce phénomène et aux transactions colossales qui échappent jusqu’à présent à tout cadre légal, la Direction générale des impôts (DGI) vient de frapper un grand coup. De nouvelles mesures fiscales entrent en vigueur : 30 % des gains réalisés sur ces plateformes seront désormais directement prélevés à la source, avant même d’atterrir sur le compte du parieur.
Cette initiative, pilotée par la DGI et supervisée par les établissements bancaires, vise non seulement à limiter l’évasion fiscale mais aussi à freiner l’essor d’un marché parallèle, échappant à toute réglementation, et où les crypto-monnaies jouent un rôle-clé. En effet, de nombreuses mises et retraits s’effectuent via des portefeuilles virtuels, rendant difficile le traçage des flux financiers.
L’un des aspects les plus préoccupants demeure la possibilité offerte par certaines plateformes, comme 1xBet, de blanchir de l’argent ou de participer à des activités illégales via des systèmes de paiement opaques. Ces pratiques ont suscité l’inquiétude du ministre délégué au budget, Fouzi Lekjaa, qui dénonce un véritable « hémorragie de devises » vers l’étranger.
En parallèle, les entreprises marocaines légalement établies dans le secteur des jeux en ligne dénoncent une concurrence déloyale, elles qui s’acquittent de leurs obligations fiscales, contribuant à hauteur de 2,5 milliards de dirhams annuellement aux recettes de l’État.
La nouvelle stratégie fiscale pourrait, si elle est bien appliquée, rétablir un certain équilibre et renforcer la transparence, dans un secteur en pleine expansion mais encore peu encadré. Quant aux parieurs, souvent jeunes, parfois accros, ils devront désormais jouer… en payant l’addition.