L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison pour « atteinte à l’unité nationale », ne déposera aucun pourvoi en cassation, rendant sa peine définitive. L’information, révélée samedi par Noëlle Lenoir, présidente du comité de soutien à l’écrivain, a été confirmée à l’AFP par plusieurs sources proches du dossier.
Âgé de 80 ans, l’auteur, emprisonné depuis plus de sept mois, a vu sa condamnation confirmée en appel mardi dernier. Bien qu’il disposait légalement d’un délai de huit jours pour se pourvoir, ses proches ont indiqué qu’il avait renoncé à toute démarche judiciaire supplémentaire, estimant n’avoir aucune chance réelle d’obtenir une requalification de son infraction devant la Cour suprême algérienne.
Dans ce contexte, l’état de la justice algérienne est une fois de plus pointé du doigt. « Il n’a aucune chance en cassation », a déclaré Noëlle Lenoir sur France Inter, ajoutant que la procédure ne ferait que légitimer un verdict politique.
La condamnation de Boualem Sansal repose notamment sur des propos tenus en octobre 2024, lors d’un entretien accordé au média français d’extrême droite Frontières, dans lequel il avait évoqué la question des frontières entre le Maroc et l’Algérie à l’époque coloniale, suggérant que l’Algérie indépendante avait hérité de territoires historiquement marocains. Des déclarations qui ont déclenché l’ire des autorités algériennes, dans un climat déjà tendu entre Alger et Rabat.
Atteint d’un cancer de la prostate, l’écrivain n’a pas bénéficié des récentes mesures de grâce présidentielle accordées à des milliers de détenus à la veille de la fête de l’indépendance du 5 juillet. Ses proches affirment néanmoins qu’il est « bien traité » en détention, et continuent d’espérer une grâce humanitaire individuelle.
« Nous gardons l’espoir. Mais il ne faut pas s’attendre à une grâce immédiate », a reconnu Noëlle Lenoir, tout en prévenant : « L’Algérie ne peut pas prendre la responsabilité de sa mort en prison. »
Depuis son arrestation le 16 novembre 2024 à son arrivée à Alger, Boualem Sansal est devenu l’enjeu d’une tension diplomatique entre la France et l’Algérie, nourrissant une polémique à la croisée de la liberté d’expression, des tabous géopolitiques et des règlements de compte politiques internes.
Par Salma Semmar