ChatGPT est partout. En quelques mois, il s’est installé dans nos vies comme un réflexe : on l’ouvre pour écrire un mail, résumer un texte, organiser une idée ou même chercher des réponses à des questions personnelles.
Mais derrière cette facilité d’accès, une question se pose : sommes-nous encore capables de penser par nous-mêmes ?
Car mal utilisé, ChatGPT peut nous endormir intellectuellement, nous pousser à accepter ses réponses sans les remettre en question, et réduire peu à peu notre capacité à analyser, douter, décider. Bien utilisé, au contraire, il peut devenir un outil puissant pour stimuler notre réflexion et accélérer notre créativité.
Alors comment faire pour rester maître du jeu ? Voici trois réflexes simples à adopter pour profiter de l’IA sans perdre votre autonomie.
Donnez des consignes claires pour éviter qu’il “improvise”
ChatGPT ne pense pas comme un humain : il ne comprend pas les idées au sens propre. Il est programmé pour prédire, à chaque étape, le mot le plus probable à venir, en se basant sur des milliards de textes analysés.Imaginez un jeu de devinettes très sophistiqué : à chaque phrase que vous tapez, l’IA calcule, parmi tous les mots possibles, celui qui a statistiquement le plus de chances de suivre. Et ainsi de suite.
Ce système s’appelle un modèle de langage probabiliste. Il ne cherche pas à dire la vérité, mais à produire une suite de mots qui “sonne vrai”.Le problème ? Quand une information lui manque, il va quand même essayer de “deviner” ce qui pourrait combler ce vide… quitte à vous donner une réponse fausse mais convaincante. C’est ce qu’on appelle une hallucination.
Pourquoi ? Parce que ChatGPT a un seul objectif : maintenir le dialogue. S’il n’a pas l’information, il préférera vous donner une réponse approximative… plutôt que de dire “je ne sais pas” et risquer de casser l’échange.
Ce qu’il faut faire :
- Ajoutez toujours une consigne dans vos demandes :“Si tu ne connais pas la réponse, dis-le clairement au lieu d’inventer.”
- Demandez-lui de citer ses sources vérifiables :“Réponds uniquement en s’appuyant sur des ressources fiables que je peux contrôler.”
- Préciser qu’il ne doit pas chercher à vous satisfaire à tout prix.
En procédant ainsi, vous obligez l’IA à rester dans un cadre factuel. Vous évitez qu’elle vous fournisse des informations douteuses, juste pour alimenter la conversation.
Rappelez-vous : ChatGPT a été conçu pour interagir. S’il peut vous donner une réponse qui vous plaît, il le fera… même si elle n’est pas toujours objective. C’est à vous de lui rappeler qu’il vaut mieux un “je ne sais pas” qu’une certitude inventée.
Invitez-le à penser “pour” et “contre”
Par défaut, ChatGPT cherche à vous satisfaire. Il a tendance à vous donner une réponse unique, comme s’il tranchait à votre place. Le danger ? Vous risquez de perdre l’habitude d’examiner une question sous différents angles.
Ce qu’il faut faire :
- Demandez-lui de vous présenter les arguments pour et les arguments contre une idée.
- Exemple : “Donne-moi les avantages et les inconvénients de cette solution, sans prendre parti.”
Cette méthode force l’IA à rester neutre et vous oblige, vous, à analyser et décider en connaissance de cause. Résultat : votre esprit critique reste actif. Cette consigne vous permet de garder un véritable esprit critique et de permettre à l’IA de venir l’alimenter au lieu de vous en priver.
Ne faites pas de ChatGPT votre seul guide
ChatGPT a été le premier à démocratiser l’intelligence artificielle conversationnelle. Mais ce n’est pas le seul. Depuis, d’autres modèles sont apparus, parfois plus transparents, plus éthiques ou mieux adaptés à des besoins spécifiques.
Par exemple, si vous souhaitez une IA qui respecte davantage la confidentialité des données personnelles et les normes européennes comme le RGPD, des modèles comme Mistral offrent des garanties intéressantes. D’autres, comme Claude(Anthropic), ont été conçus avec un cadre de sécurité renforcé pour limiter les biais et protéger l’utilisateur.
Et il existe une autre option, encore méconnue : l’IA locale. En l’installant directement sur votre ordinateur ou sur un serveur interne à votre entreprise, vous évitez que vos données sensibles circulent sur des serveurs externes et vous gardez un contrôle total sur leur utilisation.
Pourquoi est-ce important ?
Parce que confier toutes vos questions, réflexions et documents à une seule IA globale, c’est aussi prendre le risque qu’elle devienne votre unique filtre sur le monde. Or chaque modèle a ses forces, ses limites, sa philosophie.
Le bon réflexe :
- Testez plusieurs IA selon vos besoins (éthique, créativité, confidentialité).
- Pour vos données les plus sensibles, envisagez une IA locale pour éviter les fuites d’informations.
En diversifiant vos outils, vous évitez de tomber dans le piège d’une seule intelligence artificielle qui centralise vos données et formate vos pensées. Vous reprenez la main… et ouvrez la porte à des usages plus sobres, plus critiques et plus adaptés à vos valeurs.
Un outil qui stimule… ou qui rend bête ?
Bien utilisé, ChatGPT ou l’IA de façon globale, peut être un accélérateur d’idées et un partenaire de réflexion. Mais utilisé sans vigilance, il risque de réduire notre capacité à questionner, à douter et à apprendre par nous-mêmes.
Par Dr Wadih Rhondali – Psychiatre