Le lion pur-sang n’est plus ! Ahmed Faras, alias Moul Lkora, s’est éteint mercredi 16 juillet à l’âge de 78 ans, des suites d’une longue maladie.
C’est une légende sacrée du football marocain qui vient de nous quitter !
Feu Hassan II, qui était passionné de football et très proche des joueurs de l’équipe nationale, avait une grande admiration pour Ahmed Faras. Il ne cachait pas sa préférence, et il faut dire qu’il n’était pas le seul.
En finale de la Coupe du Trône de 1979, qui opposait le Wydad au Chabab de Mohammedia, Faras est sèchement blessé suite à un violent tacle d’un défenseur du Wydad et se tord de douleur. Feu Hassan II n’arrive pas à contenir sa panique et descend en courant les escaliers de la tribune officielle du stade d’honneur. Plus de peur que de mal.
Technicien hors pair, doté d’un pied gauche comme on n’en fait plus et d’une frappe plus que puissante, Ahmed Faras était une terreur pour les défenseurs et un cauchemar pour les gardiens de but.
Mai 1980, vingt-neuvième journée du Championnat : le Chabab de Mohammedia reçoit le MAS de Fès, qui est champion en titre et a un point d’avance. Il reste seulement quelques minutes à jouer et, sur une incroyable passe d’Acila, Faras amortit de la poitrine et décroche une fulgurante reprise qui envoie feu Hazzaz, en compagnie du ballon, au fond des filets.
Faras offrira ainsi à son équipe son seul titre de champion du Maroc à ce jour. Il remportera également deux Coupes du Trône, en 1972 et 1975.
Pour la petite histoire, Faras est le seul joueur marocain à avoir soulevé le trophée de la Coupe d’Afrique des nations, le seul remporté par le Maroc en 1976.
Le premier également à avoir remporté le Ballon d’Or. Il est également le seul, de toute l’histoire du football africain, à avoir été surnommé « Sa Majesté Faras Premier ».
Ahmed Faras a participé à une seule Coupe du Monde, celle de 1970 au Mexique, et malheureusement sa carrière internationale prendra fin en décembre 1979, à la suite d’une terrible et humiliante défaite de l’équipe du Maroc à Casablanca par cinq buts à un face à l’Algérie.
Il est le buteur historique de l’équipe du Maroc avec 42 buts.
Courtisé par le Real de Madrid et sollicité par le Cosmos de New York, en reconnaissance de son immense talent, Ahmed Faras n’aura certes pas la chance de jouer à l’étranger, mais sa réputation dépassera de très loin les frontières.
Il y a quelques années, pour son jubilé, les anciens du Chabab de Mohammedia affrontaient les ex du FC Barcelone, emmenés par Rivaldo, Edmilson et d’autres anciens qui ont fait les beaux jours des Blaugrana.
À l’occasion, on avait revu avec plaisir les anciennes gloires de Mohammedia, dont les frères Miguel, les frères Haddadi, Abdelilah le feu-follet, Acila le baroudeur, ainsi que les anciens coéquipiers de Faras en équipe nationale : Larbi, Moh, Cherif, Smat, Zahraoui, Guezzar, Tazi, Jawad Andaloussi, Smat, Smiri et les autres. Sans oublier ceux qui ne sont plus là : feu Hazzaz et feu Dolmy.
Le « seigneur du football national » était aimé et respecté de tous, et jouissait de l’estime de ses coéquipiers ainsi que de celle de ses adversaires, surtout y compris sur le continent africain !
Pour l’anecdote, Ahmed Faras n’a jamais réclamé d’argent au Chabab et encore moins exigé de primes à la fédération. C’est dire s’il était d’une autre époque, tellement ses valeurs et sa modestie étaient la preuve de sa noblesse de grand seigneur.
Le « seigneur du football national », comme l’appelait Ben Barek, la Perle Noire, a participé à toutes les compétitions : les Jeux méditerranéens (1967 et 1972), le Mondial 1970 au Mexique, les Jeux Olympiques de Munich (1972), les Coupes d’Afrique des nations (1972, 1976 et 1978). Le 14 mars 1976, à Addis-Abeba, il est sacré champion d’Afrique, son seul titre continental.
Adieu Si Ahmed, repose en paix.
Hafid Fassi Fihri
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